Honte de photos ou messages postés des années auparavant. Difficulté à trouver un emploi en raison de commentaires peu élogieux. Des entreprises proposent désormais à leurs clients de leur refaire «une virginité sur le net».

«Quand quelque chose de négatif surgit dès la première page de Google, cela peut occasionner des conséquences graves" et "handicaper une personne dans sa vie quotidienne ou professionnelle», souligne Albéric Guigou, fondateur de la société parisienne Reputation Squad (Brigade de la réputation, en français).

Désormais, la majorité des recruteurs consultent en effet Google ou les réseaux sociaux, tel Facebook, avant d'embaucher.

«Prises de position politiques anciennes qu'une personne traîne comme un boulet», actes commis dans sa jeunesse, photos intimes mises sur le net, condamnations par des tribunaux, propos calomnieux tenus par «d'anciennes relations professionnelles ou amoureuses», les problématiques traitées sont diverses, note M. Guigou.

Outre «un bilan de réputation», Reputation Squad propose à ses clients -des particuliers- de «faire disparaître» les contenus gênants, à raison de 29,90 euros la page posant problème.

«Nous essayons d'abord d'intervenir à l'amiable auprès de l'auteur du contenu ou de l'hébergeur», explique M. Guigou.

Une stratégie également choisie par le cabinet international Hington & Klarsey, qui vise une clientèle plus haut de gamme, célébrités et grandes entreprises essentiellement.

«Nous essayons de rentrer en négociations avec eux, d'amener un argumentaire pour les convaincre qu'il n'y a pas de pertinence à maintenir ces propos en ligne», explique Xavier Desfeuillet, directeur exécutif de ce cabinet basé en Angleterre.

Il peut aussi s'agir de «transformer le titre, réduire le nombre de fois où le nom de la personne est citée», afin d'«affaiblir la page», ajoute-t-il.

«La plupart du temps, ce sont ou les directions juridiques ou commerciales de sociétés ou les avocats de particuliers qui nous contactent car ils se trouvent face à une impasse», explique M. Desfeuillet, en évoquant par exemple des campagnes de dénigrement orchestrées par des entreprises concurrentes ou de calomnies diffusées au sujet de célébrités.

L'agence peut aussi insister sur le risque juridique encouru et engager quand nécessaire une procédure judiciaire.

Certains blogueurs ou journalistes peuvent néanmoins faire preuve de «beaucoup de résistance», refusant de se plier à ce qu'ils considèrent comme de la censure, reconnaît M. Guigou.

Dans ce cas, notamment, les agences peuvent recourir à une autre technique, le «noyage»: il s'agit de créer du contenu, des sites afin de diluer l'information gênante, la faire reculer dans la hiérarchie des moteurs de recherche.

Pour ce faire, Hington & Klarsey, dont les services coûtent «au minimum 3000 euros et très souvent plusieurs dizaines de milliers», possède de nombreuses structures (blogs, sites...) et des relais chez des partenaires (blogueurs, etc.) qu'il rétribue.

Face à Internet, système où «dans sa grande majorité l'information n'est pas vérifiée, n'a ni source, ni déontologie», M. Desfeuillet n'a guère de scrupule à payer pour que des informations valorisant ses clients soient diffusées.

Pour autant, les agences affirment ne pas accepter tous les dossiers. «Nous refusons de mentir pour des clients», affirme M. Guigou.

M. Desfeuillet souligne de son côté que «si la personne ou l'entreprise n'a pas changé ses pratiques, cela ne sert à rien» car de l'information négative continuera sans cesse à être publiée et le coût pour la contrer sera «énorme».