Un ordinateur et un accès à internet: c'est tout ce qu'il faut à un Vénézuélien pour se transformer en agent de police virtuel et renseigner une carte de la violence en ligne sur les coins les plus dangereux à éviter dans le pays.

Le site internet QuieroPaz.org (Jeveuxlapaix.org) a été créé il y a six mois par dix jeunes qui veulent en faire une base de données référence en l'absence de chiffres officiels sur les crimes et attaques à armée perpétrés dans le pays.

Le gouvernement socialiste vénézuélien ne publie plus de chiffres de criminalité depuis des mois, mais de récentes enquêtes ont montré que la violence est la première préoccupation des habitants, devant le chômage et la hausse des prix.

À Caracas, la capitale de plus de 5 millions d'habitants, le taux d'homicides est de 100 pour 100 000 habitants, selon l'ONG Observatoire vénézuélien de la Violence (OVV).

À titre de comparaison, dans le monde, ce taux est de 9, ce qui fait de Caracas la ville la plus dangereuse de la planète après Ciudad Juarez au Mexique, à la frontière avec les États-Unis.

Sur la carte, différentes couleurs indiquent les zones plus ou moins dangereuses, en fonction du nombre d'homicides et de vols ou hold-ups.

«Les gens ont peur de porter plainte. Notre carte est publique, mais on peut l'alimenter par courrier électronique, dans l'intimité, sans s'exposer», explique le sociologue José Gregorio Guerra, un des fondateurs de QuieroPaz.org.

Le site est actualisé en permanence par des collaborateurs dans tout le pays et par ses créateurs, qui postent toutes les informations sur les enlèvements, homicides et attaques rapportés par les journaux.

Au Venezuela, pays de 27 millions d'habitants, entre 9 et 15 millions d'armes seraient en circulation.

Le système, qui fonctionne via le réseau social Facebook et le système de microblogs Twitter, doit être amélioré en février, afin de recouper les plaintes qui pourront être envoyées par téléphone portable ou Blackberry.

Récemment, le président Hugo Chavez a reconnu le «fléau» de la criminalité. En décembre, une police nationale, un nouveau corps, entrera en fonction aux côté des policiers municipaux et régionaux pour y faire face.