La Nasa vient d'inviter les internautes à compter les cratères à la surface de Mars ou à en améliorer les cartes en jouant les Martiens, dernier exemple d'une association du public à des travaux scientifiques via le web.

Qu'il s'agisse de repérer des cratères sur les images ramenées par la Nasa de la Planète rouge ou de classer des galaxies selon leurs formes, l'oeil et le cerveau humain sont en effet jugés plus performants que l'ordinateur, d'où l'idée de faire appel à des internautes lorsque la tâche est trop gigantesque et répétitive pour les seuls chercheurs.

Si le site «beamartian.jpl.nasa.gov», ouvert la semaine dernière, se veut d'apparence ludique avec sa cabine de vaisseau spatial, le «Galaxy Zoo», lancé en juillet 2007 pour aider à classer un million de galaxies, a d'emblée été un succès sans même avoir cherché à séduire.

«Dans les 24 heures suivant le lancement, le site recevait déjà 70 000 classifications par heure», relatent les responsables de ce projet international sur «www.galaxyzoo.org».

Il s'agissait, sur des photos prises par le télescope du Sloan Digital Sky Survey, de définir si une galaxie était elliptique (ovale) ou en forme de spirale (comme notre Voie Lactée) et, dans ce dernier cas, si elle tournait ou non dans le sens des aiguilles d'une montre.

Plus de 100 millions de classifications ont été reçues, dont la moitié dès la première année, de plus de 200 000 volontaires de 170 pays, selon Jordan Raddick (Johns Hopkins University, Etats-Unis).

Disposer de multiples réponses pour le même objet permet d'augmenter la fiabilité. Pour une étude ne portant que sur quelques milliers de galaxies, on peut choisir «celles pour lesquelles 100% des participants sont d'accord», explique ainsi l'équipe d'astronomes.

Des découvertes ont même été faites grâce à des internautes ayant signalé des objets bizarres... ou des galaxies ressemblant à des «petits pois verts».

Après avoir fourni une première série de données, jugées «aussi bonnes que celles d'astronomes professionnels», les internautes sont maintenant invités, avec «Galaxy Zoo 2», à participer à un classement plus complexe : galaxie en forme de cigare, avec ou sans bulbe central proéminent...

Dans d'autres cas, comme Seti@home lancé en 1999 pour identifier d'éventuels signaux d'intelligences extraterrestres parmi ceux reçus par le radiotélescope d'Arecibo (Puerto Rico), l'internaute reste passif : c'est seulement son ordinateur qui travaille en réseau avec des centaines de milliers d'autres. Un procédé de «calcul distribué» également utilisé pour identifier des ondes gravitationnelles (Einstein@home) ou découvrir la structure de protéines.

Mais la mobilisation de volontaires passionnés pour contribuer à la recherche se fait aussi sur des sujets plus proches, notamment pour protéger la biodiversité. En 2005/2006 en France, près de 15.000 personnes avaient ainsi dénombré les papillons de jour dans leur jardin, à la demande du Museum national d'histoire naturelle et d'une association, Noé Conservation.