Le cas d'une femme de Bromont, qui soutient avoir perdu ses prestations d'invalidité en raison de photos publiées sur sa page Facebook, devrait rappeler aux gens que rien n'est vraiment privé sur le Web.

Les déboires de Nathalie Blanchard ont suscité un grand intérêt après avoir été rapportés par les médias locaux la semaine dernière.

Selon Mme Blanchard, un agent d'assurance lui aurait dit que ses allocations avaient été coupées en raison de clichés d'elle trouvés par sa compagnie d'assurance, Manuvie, sur son profil Facebook.

Employée d'IBM à Bromont, la femme de 29 ans est en congé de maladie depuis le 14 février 2008 en raison d'une grave dépression.

Manuvie n'a pas voulu commenter le dossier, mais a indiqué dans un communiqué qu'elle ne suspendrait pas les indemnités d'un client sur la seule foi de documents publiés sur des sites comme Facebook.

L'affaire Nathalie Blanchard survient au moment où le Parti libéral du Canada fait face à une controverse liée à Facebook après que Janine Krieber, la femme de l'ancien chef libéral Stéphane Dion, eut critiqué le leader actuel de la formation, Michael Ignatieff, sur le site de socialisation.

Pour Carmi Levy, un spécialiste en technologie, ces incidents rappellent que rien n'est vraiment privé sur le Web.

«À cette époque où tout le monde peut se mettre en vedette par le biais de Twitter, de Facebook et d'autres médias sociaux, je suis toujours étonné de voir à quel point les gens ignorent les implications de gestes tels la mise à jour d'un statut Twitter ou d'un statut Facebook», a déclaré M. Levy dans une entrevue téléphonique dimanche.«Ça devrait faire réfléchir quiconque utilise ces services sur le fait que tout ce qu'il met en ligne peut lui retomber sur le nez un jour ou l'autre.»

Jointe dimanche par téléphone à son domicile, Nathalie Blanchard a affirmé qu'elle ne regrettait pas d'avoir affiché ses photos et que ce n'était pas correct de la part de la compagnie d'assurance de conclure qu'elle était guérie de sa dépression en se basant sur ces clichés.

Mais elle ne nourrit aucune rancune par rapport à Facebook.

«Je suis toujours sur Facebook et j'écris encore sur Facebook, je n'ai rien à cacher, rien du tout», a-t-elle soutenu.

Mme Blanchard n'a aucun problème avec les photographies supposément utilisées par son assureur contre elle, incluant celles la montrant en train de s'amuser à un spectacle de Chippendales, à son anniversaire et durant des vacances au bord de la mer.

«Je ne vais pas mettre des photos de moi qui pleure sur Facebook», a fait valoir la jeune femme.

«Je suis malade et je n'ai pas besoin que tout le monde le sache. Les gens qui ont besoin de savoir que je suis malade le savent et les 500 autres (amis) que j'ai sur Facebook n'ont pas besoin de savoir que je souffre de dépression.»

Son avocat, Tom Lavin, a indiqué vendredi qu'une poursuite avait été intentée devant la Cour supérieure du Québec pour obtenir le rétablissement des allocations et que la prochaine audience aurait lieu le 8 décembre.