Connaître le jour et la cause de sa propre mort: un fantasme absolu qui n'est pas loin de devenir une réalité grâce à un site internet créé par les chercheurs et les étudiants de l'université américaine Carnegie Mellon.

Le site DeathRiskRankings.com se propose de calculer les risques de décès de ses visiteurs en utilisant les données publiques américaines et européennes pour comparer les risques de mortalité par sexe, âge, causes de décès et zones géographiques.

 «La plupart des Américains n'ont pas vraiment une bonne connaissance de leurs propres risques de mortalité, encore moins du classement de leurs risques spécifiques», explique David Gerard, ancien professeur à Carnegie Mellon (Pennsylvanie, est) et l'un des créateurs du site.

Le site calcule le risque de décès du visiteur dans l'année à venir ou sur une période plus longue, jusqu'à 30 ans, et classe les différentes causes probables de la mort en fonction de leur probabilité.

Le professeur Paul Fischbeck, le créateur du site, explique que DeathRiskRankings.com peut par exemple offrir une comparaison entre une femme de 54 ans vivant en Pennsylvanie et sa semblable britannique.

«Il s'avère que la Britannique a un risque de mourir d'un cancer du sein 33% plus élevé», note M. Fischbeck. «Mais pour le cancer du poumon ou de la gorge, les résultats sont presque inversés, et c'est la femme de Pennsylvanie qui a un risque 29% plus élevé».

Quoi qu'il en soit, les risques de mourir au cours de l'année qui suit augmentent naturellement avec l'âge.

Une Américaine de 20 ans a ainsi une chance sur 2.000, soit 0,05%, de mourir dans l'année. Mais à 40 ans, ce risque est trois fois plus grand, puis 16 fois plus élevé à 60 ans et 100 fois plus élevé à 80 ans: de l'ordre d'une chance sur 20, soit 5%.

«A 80 ans, l'Américaine moyenne a encore 95% de chances de vivre jusqu'à son 81e anniversaire», souligne le professeur Gerard, qui enseigne aujourd'hui à la Lawrence University dans le Wisconsin (nord).

Selon les chercheurs, le risque de mourir dans l'année est très différent en fonction des sous-groupes étudiés. Pour chaque tranche d'âge, le risque est bien plus élevé pour les hommes que pour les femmes.

Pour les hommes de 20 ans, le risque est entre 2,5 et 3 fois plus élevé, les accidents, homicides et suicides comptant pour 80% des risques de décès.

A l'âge de 50 ans, ces facteurs ne représentent plus que 10% des risques pour les hommes, chez qui les maladies cardio-vasculaires deviennent le risque prédominant, avec plus de 30% du total.

A la trentaine et à la quarantaine, le risque de mourir d'un cancer est en revanche plus grand chez les femmes que chez les hommes.

Par ailleurs, le risque de mourir d'un cancer du sein ou de la prostate est plus élevé en Europe occidentale qu'aux Etats-Unis, mais il est moindre pour les cancers du poumon.

Les chercheurs à l'origine de ce site espèrent qu'il contribuera au débat qui fait rage actuellement aux Etats-Unis sur la réforme de la santé.

«Nous pensons que cet outil qui permet à chacun d'évaluer ses propres risques de mourir et de les comparer avec ses semblables aux Etats-Unis et en Europe pourra contribuer à informer le public et le faire participer au débat», a souligné le professeur Fischbeck.

Comme le dit le philosophe roumain Emil Cioran, «l'homme accepte la mort, mais non l'heure de sa mort. Mourir n'importe quand sauf quand il faut que l'on meure».