L'encyclopédie libre a peut-être atteint une étape de son évolution qui la rendra... moins libre. Pour les nouveaux contributeurs, la porte d'entrée de Wikipédia est soudain plus étroite.

Ce n'est pas de la censure, ni même la fatigue, auxquelles on serait en droit de s'attendre de la part d'un projet pratiquement 100 % bénévole. C'est une résistance croissante au nouveau contenu, chez les collaborateurs réguliers de Wikipédia. Une équipe du Centre de recherche Palo Alto a observé que jusqu'à un quart des modifications des contributeurs « occasionnels » — définis comme étant ceux qui font un maximum d'une modification par mois — sont annulées par des contributeurs plus expérimentés. En langage wikipédien, on appelle ça « annulation des modifications et retour à la version précédente ». En 2003, ce taux de « retour » n'était que de 10 %.

Parallèlement, la croissance générale a cessé : le nombre de nouveaux articles a par exemple atteint un sommet de 60 000 par mois au milieu de 2006, et recule depuis : en 2009, il oscille entre 40 et 45 000 par mois. Le nombre de modifications a lui aussi atteint un sommet (5,5 millions en 2007). Et le nombre de contributeurs actifs n'a plus dépassé les 750 000. En fait, il se situerait à présent sous les 500 000.

Ce qui reste énorme. Trois millions d'articles dans la langue de Shakespeare, c'est largement au-delà de toutes les prévisions lors de la naissance de cette encyclopédie, en 2001. Mais si la tendance à la baisse devait s'accentuer, et si la résistance des « vétérans » devait se renforcer, il faudrait s'inquiéter du maintien de la qualité d'ensemble, écrit Ed Chi, chercheur informatique. Moins de nouveaux contributeurs signifie aussi moins d'yeux pour surveiller et corriger.

Des résultats plus complets sont attendus au 5e Congrès annuel sur les wikis, qui aura lieu en Floride en octobre prochain.

 

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