L'ambitieux projet de Google de scanner des millions de livres pour sa bibliothèque virtuelle a rencontré de nouveaux opposants, les poids-lourds de l'internet Microsoft, Yahoo! et Amazon ayant rejoint une coalition opposée au projet de Google dans son état actuel.

Ces trois acteurs américains incontournables de l'internet ont ainsi uni leurs forces à une coalition emmenée par un avocat réputé de la Silicon Valley pour s'opposer au développement de la librairie en ligne de Google.

Les trois groupes ont rejoint l'«Open Book Alliance», ont rapporté le New York Times et le Wall Street Journal.

Le géant informatique Microsoft a confirmé à l'AFP sa participation à cette coalition, dont une présentation formelle devrait être faite la semaine prochaine.

Sollicité par l'AFP, le libraire en ligne Amazon a indiqué «ne pas commenter les rumeurs et les spéculations», tandis que le moteur de recherche Yahoo! n'avait pu être joint.

L'«Alliance» veut contester en justice un accord amiable conclu en octobre entre Google, des auteurs et des éditeurs. Cet accord, qui n'est pas encore finalisé, doit permettre de solder une plainte en nom collectif, en date de 2005, contre la librairie en ligne du leader mondial des moteurs de recherche.

Par cet accord, en cours d'examen par le ministère de la Justice pour des questions de concurrence, Google a accepté de payer 125 millions de dollars en échange de l'abandon des poursuites et de la mise en ligne des copies de millions d'ouvrages. Le moteur de recherche a aussi accepté de partager les revenus publicitaires, 37% lui revenant et 63% allant aux détenteurs des droits sur ces ouvrages.

Outre Microsoft, Yahoo! et Amazon, la coalition est formée d'associations de bibliothèques et de défense des droits d'auteur. Elle est menée par l'avocat Gary Reback, qui a notamment convaincu le ministère américain de la Justice d'ouvrir une enquête sur les pratiques anti-concurrentielles de Microsoft dans les années 90.

L'accord amiable conclu par Google «a des implications anti-concurrentielles énormes, qui vont très loin, et dont on est juste en train de se rendre compte», a-t-il déclaré au New York Times.

Selon le quotidien, l'Alliance va contester l'accord sur le fond devant le ministère de la Justice, en avançant qu'il fait entrave à la concurrence.

La coalition aurait également l'intention de porter le dossier devant un tribunal fédéral new-yorkais, qui a prévu une audience préliminaire de 7 octobre.

Paul Brantley, à la tête de l'Internet Archive, un portail à but non lucratif rassemblant plusieurs types de documents archivés, a indiqué au Wall Street Journal que l'Alliance allait accueillir encore de nouveaux membres. Il a cité la Special Libraries Association et la New York Library Association pour les bibliothèques mais aussi l'association de journalistes et d'écrivains American Society of Journalists and Authors.

Selon lui, les opposants à l'accord amiable de Google ne souhaitent pas bloquer celui-ci, mais plutôt qu'y soient apportées des modifications.

L'opposition à la bibliothèque virtuelle de Google n'est pas nouvelle, le projet ayant suscité depuis ses débuts des inquiétudes pour son impact possible sur des données privées.

Enthousiaste après la conclusion de l'accord à l'amiable, le cofondateur de Google Sergey Brin avait affirmé: «les vrais gagnants sont les lecteurs». «L'immense richesse en connaissances que renferment les livres du monde va être maintenant au bout de leurs doigts».