Taxé de terrorisme par Israël et Washington, le chef du mouvement chiite libanais Hassan Nasrallah n'en est pas moins devenu une «star» du site de socialisation mondial Facebook, où il fait l'objet à la fois de louanges et d'insultes.

«Que Dieu te bénisse Nasrallah», «Nasrallah mérite de brûler en enfer», «Dieu est avec toi, ô symbole de la dignité et de la résistance», «Nasrallah est un Nazi pourri»: une vingtaine de forums auxquels participent notamment des Libanais et des Israéliens regorgent de propos de ce genre.Des pages intitulées «Soutenez l'assassinat de Hassan Nasrallah», «Nous détestons Hassan Nasrallah» ou «Fans de Hassan Nasrallah» se font face et leurs commentaires incendiaires sont écrits en arabe (parfois transcrit en caractères latins), en français, en hébreu et surtout en anglais.

Les discussions enflammées tournent notamment autour de la guerre destructrice de 2006 lancée par l'Etat hébreu contre le Hezbollah après que ce dernier eut enlevé deux soldats israéliens à la frontière.

«Ecoutez mon conseil, affirme un internaute israélien qui a jugé bon de participer à un forum de sympathisants du dirigeant.

«Chassez Nasrallah et vous pouvez bénéficier d'un niveau de vie similaire au nôtre en Israël», dit-il, en se présentant comme soldat israélien.

«Avant 2006, le Liban était en plein essor, après, il est devenu pourri à cause de Nasrallah», poursuit Avi, avant qu'il ne s'attire les foudres des autres participants, accusant son pays d'avoir «détruit le Liban».

«Vous êtes notre ennemi numéro 1», rétorque «Ziad». «Avi, tais-toi et trouve-toi un trou où te cacher! Que Dieu protège Nasrallah!» renchérit «Nihal».

Pour l'un des «fan clubs» de Nasrallah, le message est clair: le chef du Hezbollah «lutte pour protéger la terre de nos ancêtres contre l'américanisation et le sionisme».

«Il est le cèdre de notre drapeau libanais, le maître de tous», affirme-t-on sur la page d'un autre groupe, en référence à l'arbre emblématique du Liban.

Certains publient des photos de Nasrallah enfant, du dirigeant souriant assis dans un jardin devant un bol de fruits, ou encore portant une petite fille dans les bras.

Les forums «anti-Nasrallah» montrent des caricatures du chef du Hezbollah, qui n'est pas apparu en public depuis un an et résiderait dans un endroit secret à Beyrouth: il y est habillé en bikini, représenté en cafard, sa tête est déformée ou présentée comme cible potentielle.

Tous les Libanais ne sont pas unanimes pour afficher cet «amour» pour le «Sayyed» (titre faisant référence à un descendant direct de Mahomet).

Sur le forum «Hezbollah out of Lebanon right now!», Nadine, Fadi ou Saïd expriment leur hostilité vis-à-vis du mouvement pro-iranien et de son chef: «Le Hezbollah est une menace majeure pour le Liban», «Nasrallah veut contrôler le monde arabe».

Une partie des Libanais, notamment des partisans du camp soutenu par l'Occident, reproche au Hezbollah son coup de force à Beyrouth en mai 2008 lors d'affrontements internes qui ont failli plonger le pays dans une nouvelle guerre civile.

Mais ils le fustigent surtout pour avoir provoqué la guerre de 2006 en kidnappant les soldats Eldad Regev et Ehud Goldwasser, dont les restes ont été récupérés par Israël en 2008.

Un forum en français intitulé «Pour l'élimination du Hezbollah», affirme d'ailleurs être «un groupe destiné à demander au gouvernement israélien d'éliminer le numéro 1 du Hezbollah, Hassan Nasrallah, afin de venger le sang d'Ehud et de Eldad».

Le conflit de 34 jours avait fait quelque 1200 tués côté libanais, pour la plupart des civils, et 160 côté israélien, essentiellement des soldats.

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