Il faut tout autant de jugeote pour s'exprimer dans la jungle d'internet que dans n'importe quel autre média ou sur la place publique.

Voilà ce qu'une juge ainsi que la commissaire à la protection de la vie privée viennent tour à tour de rappeler.

Les balises que la commissaire Jennifer Stoddart recommande à Facebook sont nécessaires.

D'ailleurs, on ne voit pas qui pourrait s'opposer à ce qu'une personne ayant ouvert un "compte" sur le populaire site de réseautage puisse le supprimer totalement quand elle le désire. Cela devrait aller de soi.

Mais les balises que le géant du Web doit mettre en place ne remplaceront jamais le tout aussi nécessaire discernement des utilisateurs.

C'est écrit noir sur blanc dans le rapport de Mme Stoddart. "Nous avons demandé à Facebook d'aviser clairement les utilisateurs de ses pratiques en matière de protection des renseignements personnels", mais ces derniers doivent "tout de même lire les documents" et "contrôler la façon dont leurs renseignements sont partagés".

Que faire, en effet, si le besoin maladif de visibilité de certains les conduit à inscrire des détails trop personnels dans leur "profil", et à les exposer au plus grand nombre? Ou à ajouter à leur page des photos qu'ils regretteront peut-être plus tard d'avoir placées là?

Seule réponse possible : les inviter à ne pas perdre de vue les règles élémentaires de la vie, surtout s'il s'agit d'ados.

Discernement, bon sens...

Tout le monde doit également comprendre qu'on ne peut pas dire n'importe quoi sur internet - pas plus qu'à la télé, à la radio ou dans un imprimé.

Cette autre pierre à l'édifice du bon sens a été posée par la juge Danielle Richer. Elle vient d'obliger des citoyens à fermer le site où ils tenaient des propos diffamatoires contre la mairesse de Rawdon, Louise Major.

Mme Major se voyait gratifier de gentillesses comme "maire SS" ou "bitch". Incapables de soutenir leurs délires, ces braves citoyens décochaient évidemment leurs flèches en se cachant derrière des pseudonymes.

La juge Richer y a sans doute été un peu fort en faisant carrément fermer leur site internet. Mais ce qu'il faut retenir, au-delà de cet aspect, c'est que les principes de droit s'appliquant aux médias traditionnels s'appliquent aussi au Web. Et qu'il faut qu'il en soit ainsi.

Car la liberté d'expression n'est pas un passeport pour calomnier, dénigrer, injurier, intimider, vouer à la haine ou à la vindicte populaire.

On peut et on doit débattre de toutes les idées et émettre toutes les opinions, quelles qu'elles soient, et avec vigueur. Mais on peut et on doit le faire sans diffamer.

Ah, si ces deux dossiers pouvaient avoir un effet pédagogique!

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