Avec Bing, son moteur de recherches sur internet lancé il y a six semaines, Microsoft s'est fait un nom dans un secteur encombré, mais le géant des logiciels reconnaît à demi-mot que le succès est mitigé en privilégiant une stratégie de long terme pour s'imposer.

«Nous avons eu un mois bien chargé, mais nous n'en sommes qu'au début. Nous avons un objectif à long terme, et nous nous engageons pour des progrès réguliers dans les années qui viennent», a déclaré le vice-président de l'audience en ligne de Microsoft, Yusuf Mehdi, sur un blog du groupe.Selon les chiffres donnés par Microsoft, le premier mois d'existence de Bing, en juin, a été marqué par un nombre de visites supérieur de 8% à celui de son prédécesseur MSN Live en juin 2008.

Les cabinets d'étude spécialisés dans l'analyse du trafic internet ont quant à eux donné des chiffres flous ou contradictoires, permettant mal de savoir à quel point Bing menace la place de numéro deux de Yahoo!, loin derrière le numéro un incontesté Google.

«Le prochain grand objectif pour Bing, ce n'est pas de battre Google, mais de battre Yahoo!», estime Danny Sullivan, rédacteur en chef du site internet spécialisé SearchEngineLand.com.

Selon le site internet Compete.com, Google monopolisait en juin 74% des recherches sur internet aux Etats-Unis, contre 16% pour Yahoo! et 6,5% pour Bing, lancé le 1er juin.

Comscore accordait jeudi 65% à Google, tandis que Yahoo!, à 19,6% (-0,5) semblait se faire grignoter par Microsoft (8,4%, +0,4).

En même temps, ajoute M. Sullivan, «c'est vraiment trop tôt pour tirer des conclusions, les chiffres sont vraiment mitigés».

Mais il ajoute aussitôt que «Microsoft a de quoi se féliciter un peu: il semblerait qu'ils ont progressé, même si ce n'est pas énorme. L'augmentation du trafic n'est pas étonnante vu la campagne marketing».

Microsoft aurait un budget de 80 à 100 millions de dollars pour faire la publicité de Bing.

Ce nouveau moteur de recherche, qui se veut particulièrement destiné aux recherches pratiques, débouchant sur des achats et des voyages, a aussi bénéficié de commentaires favorables de la presse.

David Pogue, le chroniqueur de technologies vedette du New York Times, notait la semaine dernière: «Voilà la surprise: par bien des aspects, Bing est mieux» que Google, grâce aux efforts mis à réduire le nombre de clics nécessaires pour arriver à l'information recherchée.

Ce qui n'empêchait pas M. Pogue de relever des défauts de fonctionnement, mis sur le compte d'erreurs de jeunesse, notamment dans un programme censé aider à acheter des billets d'avion en prédisant l'évolution des prix.

Selon M. Mehdi, les consultations de «Bing Travel» ont tout de même bondi de 90% en juin (par rapport au service équivalent offert l'an dernier), et celles de Bing Shopping ont triplé.

Mais quant à convertir ce succès d'estime en retombées financières, la route pourrait être encore longue.

Le cabinet SearchIgnite révélait mardi que Google avait monopoliser au deuxième trimestre 77% des recettes publicitaires liées aux recherches sur internet, contre 17% pour Yahoo!.

«Le lancement de Bing a eu peu d'impact sur la part de marché de (Microsoft) dans le marché des recherches payées», relevait SearchIgnite, en lui accordant 6% de part de marché pour le deuxième trimestre.

«En général», lisait-on toutefois dans ce rapport, «les dépenses d'annonceurs accusent un effet retard, donc une augmentation de l'intérêt des consommateurs pourrait entraîner une augmentation des dépenses d'annonceurs au troisième trimestre».

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