Avec la Volvo Ocean Race, un nouveau palier a été franchi sur le net: les internautes passionnés de voile virtuelle sont devenus des acteurs à part entière de cette course en équipage autour du monde.

Le site «Virtual Regatta» a rassemblé 220.000 joueurs, dont un quart de Français, pour une compétition virtuelle sur le parcours de la Volvo, après avoir déjà réuni 340.000 internautes, un record, autour du Vendée Globe en solitaire.Mais ils ne se sont pas contentés d'essayer de remporter un tour du monde sur la toile: la «communauté» des internautes a aussi «conseillé» les concurrents de la Volvo, notamment les Sino-Irlandais de Green Dragon.

Ces derniers ont été en partie «routés par le jeu», ce qui leur a permis de mieux se comporter lors des deux dernières étapes, affirme Philippe Guigné, le responsable de la société française Many Players qui anime Virtual Regatta.

Si Green Dragon avait mieux suivi les «conseils» des internautes et suivi de plus près la côte française lors de la 8e étape Galway/Marstrand, ils «auraient gagné l'étape», renchérit Marijn Harinck, responsable de la société néerlandaise United Games.

«Marins en chambre»

Ces derniers gèrent avec Many Players le jeu Volvo Race sur Virtual Regatta, qui a «inventé sur le net le concept de compétition virtuelle», selon M. Guigné.

Il n'y a pas de routeurs sur la Volvo. Le système mis en place, pour ne pas avantager un concurrent, consistait pour Green Dragon à demander par courrier électronique les meilleurs options de course et de parcours aux internautes.

La «communauté» du jeu exprimait par vote ses préférences, communiquées quelques heures plus tard à tous les bateaux, quitte à eux de suivre ou non les conseils.

Ian Walker, le skipper anglais de Green Dragon, en escale à Stockholm, a reconnu auprès de l'AFP avoir suivi «80% des avis» des internautes, terminant à deux reprises 3e à Galway et à Marstrand.

«Si on avait guidé Telefonica Blue, ils n'auraient pas heurté un roc», lors du récent départ de Marstrand, a ajouté, un brin provocateur, Marijn Harinck, au sujet des malheurs du voilier espagnol.

Ce n'est pas demain que des «marins en chambre» diront aux Michel Desjoyeaux ou Torben Grael ce qu'il faut faire lors des circumnavigations particulièrement ardues de la Volvo ou du Vendée Globe.

Miracle

Mais le processus qui a permis aux internautes de «conseiller» Green Dragon sur la course illustre la force et le succès du système de compétition virtuelle de Many Players.

«On a fait un miracle avec ce jeu, alliant spécialistes et amateurs passionnés par la stratégie nautique», estime M. Guigné, dont l'activité est rentabilisée par la publicité, les licences accordées à d'autre sites ou des achats d'options par les joueurs.

Selon lui, a côté de «stars» reconnues, comme «Aldabra» ou «Lemalosaint», plus de la moitié des joueurs pour la Volvo Race ne sont pas pratiquants de voile.

Ce phénomène intéresse la Fédération française de voile, qui vient d'accorder à Virtual Regatta (600.000 internautes inscrits) le statut de club nautique (établissement national).

«C'est la plus grand club de voile du monde», s'enthousiasme le skipper français Loïc Peyron, qui vient de lancer sur le site un jeu basé sur le parcours de l'ancienne compétition La Baule/Dakar, qu'il a remportée.

Il participe lui-même au jeu, mais n'était dimanche que 500e sur les 4000 inscrits (payants). Quand le virtuel surpasse la réalité.