Une jeune employée d'hôtel devenue une héroïne sur l'internet en Chine après avoir tué un cadre qui tentait d'abuser d'elle sexuellement a été laissée libre par la justice mardi, a-t-on appris de source judiciaire, à la grande joie de ses partisans et des internautes.

Deng Yujiao, 21 ans, a été reconnue coupable, mais n'a pas été condamnée à l'issue d'un procès d'une demi-journée, a déclaré à l'AFP un juge du tribunal de Badong, où s'est déroulé le procès.«Elle n'a pas eu de peine pour quatre raisons: elle a fait un usage excessif de la force mais en état de légitime défense, elle a une responsabilité pénale limitée, elle s'est rendue de son propre gré à la police et il y a eu grave erreur de la partie adverse», a-t-il dit, refusant de donner son nom.

Après avoir été emprisonnée, Deng, qui souffre de problèmes psychiques selon les médias, avait été placée dans un hôpital psychiatrique puis en résidence surveillée auprès de sa mère.

Elle était poursuivie pour meurtre et encourait la peine de mort.

Son cas avait enflammé les débats sur la Toile où une grande partie des internautes avaient pris parti pour la jeune femme, présentée comme la victime de la bureaucratie locale corrompue.

Deng, employée dans un hôtel-sauna, avait été accusée d'avoir tué le 10 mai un cadre local de Badong à coups de couteau de cuisine et d'en avoir blessé un autre.

Au moins 500 personnes s'étaient rassemblées mardi matin devant le tribunal de Badong pour la soutenir, mais n'ont pas été autorisées à assister au procès, a déclaré à l'AFP Luo Jiajiu, un des organisateurs du rassemblement.

L'affaire a montré l'influence croissante de l'internet, qui joue de plus en plus un rôle de contre-pouvoir face aux abus des autorités locales.

«S'il n'y avait pas eu la pression des internautes, il n'y aurait pas eu ce genre de verdict», a estimé l'avocat de Pékin Zhang Tianyong, spécialisé dans la défense des droits de l'Homme.

«C'est une victoire du peuple», commentait un internaute du Fujian (est) sur l'un des principaux portails Sohu.com.