Les spécialistes de la sécurité informatique ont salué le renforcement de la cyber-sécurité annoncé par le président Obama, prévenant qu'il restait du chemin à faire avant de transformer les réseaux de communications américains en sanctuaire inviolable.

Fervent adepte des nouvelles technologies, Barack Obama a annoncé vendredi «une nouvelle approche globale» pour protéger les réseaux, non seulement publics mais aussi privés, et la création d'un poste de haut responsable chargé de superviser la défense contre les intrusions.

Des responsables du Pentagone ont indiqué à l'AFP que le secrétaire à la Défense Robert Gates devrait rapidement divulguer l'identité du haut-gradé appelé à occuper ces fonctions.

Le nom qui circule au Pentagone est celui du général Keith Alexander, le patron de la puissante Agence de sécurité nationale (NSA).

Lors d'une récente audition au Congrès, ce dernier avait estimé que «l'économie, les infrastructures vitales du pays et un grand nombre de nos opérations militaires dépendent d'un accès sans entraves au cyberespace».

Pour Phil Bond, président de l'association TechAmerica, qui regroupe de nombreuses entreprises du secteur des nouvelles technologies, «protéger l'Amérique contre un +11-Septembre numérique+ exige un investissement du président des Etats-Unis, une solide stratégie nationale, la présence d'un personnel hautement qualifié à la Maison Blanche et une coopération rapprochée avec le secteur privé».

Selon lui, plus de 80% des infrastructures américaines vitales en matière de communications sont gérées par le secteur privé, mais leur sécurité doit faire l'objet d'un partenariat avec l'Etat.

 «C'est le début d'une longue route et il faut que le président continue de s'y intéresser, qu'il trouve le bon budget», a expliqué de son côté Enrique Salem, un dirigeant de la firme Symantec, spécialisée dans la sécurité informatique.

 «On ne peut se limiter à l'annonce d'aujourd'hui, sans qu'il y ait de suivi», a-t-il ajouté.

Tout en se montrant enthousiastes quant à l'initiative de M. Obama, les experts de la sécurité informatique ont observé que de nombreuses questions restaient en suspens, notamment la difficile conciliation entre sécurité et respect de la vie privée et des libertés individuelles.

 «Comment pouvez-vous défendre vos réseaux sans les placer sous surveillance?», a fait remarquer Jeff Moss, qui organise deux rendez-vous incontournables de la cyber-sécurité, «Black Hat» et «DefCon».

«Est-il possible de surveiller les réseaux publics mais pas les réseaux privés dont dépend pourtant l'économie américaine?», a-t-il ajouté.

Mais selon le président de Computer & Communications Industry Association, Ed Black, M. Obama semble avoir compris ces dangers et l'importance d'un internet libre et ouvert.

 «Si l'administration va trop loin, les dégâts causés à la vie privée et aux libertés individuelles frapperont de manière aussi grande la confiance en nos réseaux de communications que des actes terroristes et criminels», a-t-il dit.

Lors de son audition au Congrès début mai, le général Alexander avait jugé que «maintenir la liberté d'action dans le cyberespace au XXIe siècle est aussi inséparable des intérêts américains que l'était la liberté de naviguer au XIXe siècle et l'accès à l'air et à l'espace au XXe siècle».