Le wifi, à l'instar des téléphones portables et des antennes relais, cristallise l'inquiétude d'une partie de la population en France, comme le montre le moratoire décidé cette semaine dans plusieurs bibliothèques universitaires parisiennes.

Selon le syndicat des bibliothèques universitaires, quatre bibliothèques dépendant de Paris III Sorbonne -les bibliothèques Sainte-Geneviève, Sainte-Barbe, celle des Langues Orientales et le centre de documentation de la faculté de Censier- sont l'objet d'un moratoire sur ce mode de connexion sans fil à internet.

Dans ces établissements, plusieurs employés se sont plaints de troubles cognitifs (mémoire, langage...), nausées, vomissements ou vertiges, mettant en cause la technologie wifi.

«Le problème sanitaire est du même type que celui posé par la téléphonie mobile», estime Etienne Cendrier, porte-parole de l'Association Robin des toits, qui participe à la «Table ronde radiofréquences, santé, environnement» mise en place le 23 avril sous l'égide du ministère de la Santé.

Mais ce Grenelle des ondes, qui doit rendre ses conclusions le 25 mai, «ne traite que des antennes-relais et de téléphonie mobile, et n'est pas censé s'occuper de wifi», déplore-t-il.

La municipalité d'Hérouville-Saint-Clair a également décidé de couper le wifi dans les écoles d'ici la fin de l'année.

«Nous appliquons le principe de précaution. Notre rôle est de protéger la santé des gens», a expliqué le maire Rodolphe Thomas.

A Paris, la mairie avait accepté en novembre 2007 de désactiver le wifi dans quatre bibliothèques municipales à la demande des syndicats.

Mais depuis les bornes ont été rebranchées, les mesures du niveau de champ électromagnétique ayant fait apparaître, selon la mairie, des niveaux d'ondes électromagnétiques «de 80 à 400 fois inférieurs au niveau de référence le plus faible».

Devant la montée des oppositions, la Ville de Paris a cependant lancé en mars une conférence de citoyens sur les ondes et la santé, qui doit aboutir à des recommandations le 18 juin, selon la juriste Marie-Angèle Hermitte, membre du comité d'organisation.

18 citoyens représentatifs de la population parisienne ont accepté de se former pendant deux week-ends sur le sujet, avant un débat public autour du 13 juin. Ils entendront des experts et auront à leur disposition les contributions des associations et des opérateurs, a précisé Mme Hermitte.

Pour Martine Hours, médecin épidémiologiste à l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité, «c'est la source la plus proche qui nous expose le plus, donc le téléphone si on le porte à l'oreille» et éventuellement, le wifi «si la base est très proche».

Mais d'une façon générale, «le wifi expose relativement peu» et essentiellement «au moment où il y a beaucoup de transferts de données», explique-t-elle.

Dans les bibliothèques, on pourrait envisager, selon elle, de revoir le plan d'implantation du wifi de façon à ce qu'aucun personnel ne soit exposé de façon anormale, plutôt que de se priver complètement de l'outil.

«On n'est pas complètement sûr qu'il y ait des effets réels», fait remarquer Martine Hours, suggérant que des campagnes de mesure soient effectuées.