Restez anonymes, créez plusieurs adresses électroniques, lisez les petits caractères des contrats sont quelques-uns des conseils avisés que Bruxelles va mettre en ligne pour «surfer malin» et bien acheter sur l'internet.

Les Européens surfent beaucoup, mais ils rechignent encore à acheter sur le net parce qu'ils «n'ont pas confiance» et maîtrisent encore mal cet outil, déplore la Commission européenne.Un site - www.ec.europa.eu/eyouguide - et un livret imprimé vont tenter de renverser cette tendance. Ils seront présentés mardi à Strasbourg, pendant la session du Parlement européen, par les commissaires à la Consommation Meglena Kuneva et aux Nouvelles technologies Viviane Reding.

«Nous voulons donner des réponses très claires, dans un langage simple, aux principales questions posées par les internautes et les informer de leurs droits, car l'Union européenne a les protections les plus fortes du monde», ont expliqué leurs conseillers.

Ils fourmillent de conseils avisés, pas toujours très politiquement corrects, pour éviter les messages indésirables (spam), protéger sa vie privée et se retourner contre les commerçants indélicats.

La rubrique «Surfez malin» conseille ainsi de créer plusieurs adresses électroniques sur des messageries en ligne gratuites, de ne jamais communiquer son adresse électronique professionnelle et, «idéalement», de ne jamais faire figurer son vrai nom et prénom sur les adresses électroniques réservées aux forums de discussion et aux achats.

«Si vous recevez trop de courriers non sollicités sur ces adresses, vous pouvez les supprimer et en créer de nouvelles», explique le guide.

Une autre rubrique est consacrée aux téléchargements et à leur légalité. Le guide précise les limites et met en garde contre les sanctions prévues dans certains pays.

La Commission veut légiférer pour lutter contre les «spams» dont plus de 20% sont mis en ligne depuis le territoire de l'UE. Elle veut également offrir aux consommateurs des «assurances en matière de téléchargements». Actuellement, les copies effectuées à titre privé sont possibles dans certains pays et punies comme du «piratage» dans d'autres. Or «l'internet n'a pas de frontières», souligne Bruxelles.

Les députés européens doivent se prononcer jeudi sur une série de dispositions pour protéger les internautes contre des sanctions trop radicales pour les téléchargements.

La France veut en effet suspendre l'accès à internet en cas de piratage. Les dispositions soumises jeudi au vote des députés européens stipulent que les mesures touchant à l'accès à internet «doivent respecter les droits fondamentaux et la liberté des personnes», notamment «la protection de la vie privée et l'accès à l'information».

«Il y a encore beaucoup de travail à accomplir» pour emporter l'adhésion des internautes au commerce en ligne, reconnaît la Commission de Bruxelles.

«L'Union européenne réunit 500 millions de consommateurs, mais un ménage sur deux seulement est équipé d'une connexion internet à domicile, à l'exception du Danemark et des Pays Bas, et un internaute sur trois achète en ligne», souligne-t-elle.

Et les enquêtes ont de quoi désespérer. 42% des Européens confessent ne jamais faire d'achats en ligne, parce qu'ils n'ont pas confiance dans la sécurité des transactions et parce qu'ils ignorent leurs droits en cas de problème.

Les plus circonspects concernant la sécurité des transactions sont les Allemands, les Espagnols et les Italiens, trois pays peu actifs pour les achats en ligne.

«Si nous voulons que les consommateurs exploitent le potentiel des communications électroniques, nous devons leur donner confiance et cela impose de garantir leurs droits», insistent Mmes Kuneva et Reding dans un communiqué publié pour présenter le «eYouGuide».

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