Disant craindre pour la santé des élèves, les dirigeants d'une ville de 25 000 habitants du nord de la France viennent de décider de couper le Wi-Fi utilisé par les écoles situées sur son territoire.

La décision survient alors que le gouvernement lance un vaste sommet national pour répondre aux craintes croissantes de la population face à l'impact sur la santé des systèmes de télécommunications par ondes (WiFi, portables, etc.)

 

«Nous appliquons le principe de précaution. Comme on dit souvent en politique: dans le doute, abstiens-toi», explique en entrevue le maire d'Hérouville Saint-Clair, Rodolphe Thomas.

Les établissements concernés seront désormais reliés à l'internet par connexion filaire de manière à réduire l'exposition des enfants aux ondes électromagnétiques, souligne l'élu, qui affirme avoir pris cette décision à l'issue d'un «travail de fond».

Il affirme avoir été particulièrement sensibilisé à la problématique par les sorties de chercheurs qui questionnent l'innocuité de ces ondes sur la santé, un sujet qui divise la communauté scientifique.

«Les élus ne doivent pas se voiler la face quant aux risques... Avec l'amiante, ce fut le cas pendant des années et on s'est retrouvé avec un véritable scandale sanitaire», indique le maire.

La Ville entend «cartographier» les antennes réparties sur son territoire de manière à mesurer le niveau d'exposition aux ondes électromagnétiques provenant des systèmes de télécommunications. Elle promet de faire pression ensuite sur les opérateurs de téléphonie si les seuils relevés sont trop élevés.

Enfants et santé

La décision d'Hérouville Saint-Clair est saluée par les ONG qui militent depuis des années pour une régulation plus sévère de ces émissions.

«Utiliser le Wi-Fi, ça signifie augmenter les moments d'exposition et le niveau d'exposition des enfants. Il n'y a aucune raison de le faire alors que des alternatives, comme la connexion filaire, sont disponibles», souligne Janine Le Calvez, présidente de Priartem, une association militant pour une limitation du niveau d'exposition de la population aux ondes électromagnétiques.

Plusieurs écoles, dit-elle, ont renoncé au Wi-Fi avant même de l'avoir installé par crainte de son impact potentiel sur la santé.

Le Priartem réclame que le seuil d'exposition maximal aux ondes électromagnétiques soit inférieur à 0,6 volt par mètre à l'échelle du territoire alors que la limite légale est de l'ordre de 40 volts par mètre.

«Le seuil actuel est tellement élevé qu'il est impossible à dépasser. C'est comme si on vous disait que vous pouvez rouler sur l'autoroute à 500 kilomètres à l'heure alors que votre voiture n'a pas la capacité de rouler à cette vitesse», souligne Myriam Hervé, administratrice du Criirem, une association qui réalise des mesures d'exposition aux ondes électromagnétiques à la demande de citoyens concernés.

Le nombre de demandes d'aide ne cesse d'augmenter, ce qui reflète la préoccupation croissante de la population à ce sujet, dit Mme Hervé.

Répondre à l'inquiétude

Dans un sondage récent, 80% des Français sondés se disaient favorables à une réglementation plus sévère des niveaux d'émission d'ondes électromagnétiques. Une revendication partagée par le Parlement européen, qui presse les États du continent de se montrer plus prudents à ce sujet en raison de l'incertitude existante sur le plan scientifique.

En France, la bataille se focalise surtout sur les antennes relais utilisées par les compagnies de téléphonie. Dans les derniers mois, les tribunaux sont intervenus à plusieurs reprises pour bloquer l'installation d'une nouvelle antenne en évoquant des craintes pour la santé.

C'est dans ce contexte de plus en plus tendu que le gouvernement a décidé de tenir un sommet regroupant les ONG, les syndicats et les opérateurs de téléphonie, qui nient tout risque pour la santé des citoyens.

«Le principal enjeu est de répondre à l'inquiétude... même si cette inquiétude n'a pas de fondement scientifique», a déclaré à l'ouverture des travaux le directeur général de l'Association française des opérateurs mobiles, Jean-Marie Danjou.

Mme Le Calvez pense que les opérateurs rechignent à réviser l'organisation de leur réseau pour éviter des coûts importants. «Ils font de gros bénéfices... La santé publique mérite bien quelques efforts», ironise-t-elle.

Vous avez une nouvelle à nous communiquer ou encore une idée pour un reportage? Écrivez-nous à technaute@cyberpresse.ca