Clip pastiche de la Guerre des étoiles ou jeux vidéo anti-OGM chez les petits partis, surenchère d'«interactivité» chez les grands: la campagne pour les européennes a démarré en force sur internet, avec l'espoir d'atteindre les jeunes dont l'abstention est en progression constante depuis 1979.

Six semaines avant le scrutin organisé dans les 27 pays de l'UE du 4 au 7 juin, beaucoup de partis, inspirés par le succès de la campagne de Barack Obama outre-Atlantique, sont déjà protéiformes sur la Toile, utilisant abondamment des vedettes du Net comme Facebook et YouTube et multipliant les blogues ou autres Twitter pour relayer leur message.Le Parti populaire européen (PPE, conservateurs), qui part favori pour ces élections, a lancé une «Dialogue TV» et un concours de films d'une minute sur l'environnement sur son site www.europes-driving-force.eu.

Son grand rival, le Parti socialiste européen, se targue d'un site (www.pes.org) «vraiment interactif» centré sur un manifeste emballé «sous forme visuelle de cube», selon son porte-parole Julian Scola.

L'Alliance des Démocrates et Libéraux pour l'Europe (ALDE, centre), troisième force du Parlement, met en avant sur www.voteliberal2009.eu des vidéos pédagogiques évoquant ses grands thèmes de campagne et lance parallèlement un clip rythmé comme un thriller le posant en défenseur des libertés individuelles.

Les petits partis sont loin d'être en reste.

Le site des Verts (https:/europeangreens.eu) a sa chanson, et sa mouture française (www.europeecologie.fr) des jeux vidéos contre la malbouffe et les OGM.

Le mouvement eurosceptique Libertas, érigé en parti après la campagne victorieuse qu'il a menée contre le traité de Lisbonne en Irlande l'an dernier, se targue de présenter des candidats dans tous les pays en utilisant systématiquement Facebook et Twitter.

«On essaie de créer un mouvement populaire européen et le moyen le plus simple et le plus démocratique de le faire c'est via internet», explique une porte-parole, Anita Kelly.

Le mouvement, conseillé par un pionnier des campagnes électorales sur internet, l'Américain Joe Trippi, encourage ses sympathisants à alimenter le Net, explique-t-elle.

C'est ainsi qu'est apparu un «remix» français signé Libertas de la Guerre des Etoiles, où les citoyens qui défendent de bonnes vieilles valeurs françaises comme le fromage au lait cru luttent face à une Commission européenne/Sénat de la galaxie, ultra-normalisatrice, qui veut l'interdire parce que «ça pue».

Chez les socialistes, Julian Scola défend néanmoins la facture plus traditionnelle du site de son parti.

«Ce n'est pas que nous n'ayons pas d'idées rigolotes. Mais nous sommes là pour promouvoir des idées politiques, pas juste des gadgets», affirme-t-il.

En investissant le Net, les grands partis doivent revoir leur message s'ils veulent être remarqués par les internautes.

La chaîne musicale MTV, embauchée par la Commission européenne pour pousser les jeunes à aller voter, a bien compris que pour être vu sur la Toile il fallait générer du «buzz»: un bouche à oreille électronique capable de susciter une avalanche de «clics». La première partie de sa campagne «Ohé Europe tu m'entends» (www.caneuhearme.eu) invite les jeunes à pousser collectivement le 30 avril un «cri» .

Une métaphore pour montrer que c'est en votant qu'on peut être «entendu».