Les partis sud-africains ont amorcé une percée sur internet, mobilisant Facebook, Twitter et autres blogues en vue des élections générales du 22 avril, mais ils ont encore des progrès à faire pour être complètement à la page.

Dans un pays où seulement 10% de la population a accès à internet, l'essentiel de la campagne continue de se jouer avec les armes classiques: tracts, affiches électorales, meetings et porte-à-porte.Motivés par la campagne réussie du nouveau président américain Barack Obama, les candidats ont cependant commencé à se convertir aux nouvelles technologies de la communication. A commencer par... la télévision.

Pour la première fois avant un scrutin, les partis ont ainsi été autorisés à diffuser des spots électoraux sur les chaînes nationales.

Le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), met ainsi en scène une jolie métisse du Cap (sud-ouest) ou un vieux monsieur du Transkei (sud-est) pour vanter les progrès accomplis depuis la libération en 1990 de Nelson Mandela, mentionné dans tous les films.

L'apparition du Congrès du peuple (Cope), formé par des dissidents de l'ANC, a également exacerbé la compétition, relève Matthew Buckland, chef d'entreprise sur internet.

«Comme les élections de cette année seront les plus ouvertes (depuis le premier scrutin multiracial de 1994), les partis recourent à tous les supports pour conquérir les électeurs», dit-il.

Sur internet, tous les partis, même les plus petits comme Minority Front ou Femmes en avant, ont leur propre site. Plus moderne, l'ANC est présent sur plusieurs sites de socialisation et dispose de son groupe de discussions sur Facebook.

Le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), ne jure que par le site de mini-messages Twitter et vient de lancer le blog helpstopzuma.co.za, en référence au chef de l'ANC Jacob Zuma, grand favori de la course à la présidence.

Comme l'ANC et la DA, le Cope ajoute à cette panoplie un espace sur le site de partage de vidéos Youtube, où un jeune homme explique pourquoi ce parti «est le meilleur pour la jeunesse».

Mais ces outils ne suffisent pas à créer une réelle interactivité, regrette Jude Mathurine, professeur en «Nouveaux médias» à l'Université Rhodes.

«La beauté du modèle Obama résidait dans le fait qu'il ait pris le temps de communiquer en ligne avec les internautes. Mais nos leaders ne chattent pas sur internet et nos députés ne répondent pas aux questions transmises par mail», dit-il.

Une rapide recherche sur internet montre d'autres limites de cette révolution: le dernier mini-message du Cope sur Twitter a plus de deux semaines, le groupe de discussions de l'ANC sur Facebook n'a que 7.300 membres sur 23 millions d'électeurs.

Les téléphones portables, qui permettent pourtant de toucher 90% de la population, n'ont pour leur part reçu qu'une attention limitée. Quant aux spots télévisés, leur coût de diffusion est tellement élevé qu'ils restent très rares.

Malgré un contenu aussi peu inspiré que réactif, l'usage d'internet à des fins politiques reste tout de même une bonne idée, estime l'analyste Arthur Goldstuck.

«Les leçons sont vite apprises», assure-t-il en notant que, lors des prochaines élections en 2014, les jeunes Sud-Africains «high-tech» constitueront une large part de l'électorat.

D'ores et déjà, l'Afrique du Sud compte cinq millions d'internautes, selon Matthew Buckland, pour qui «la toile ne peut décidément pas être ignorée dans cette campagne».