Ils se définissent comme le nouveau club branché de New York: pour y entrer, il suffit de perdre son emploi.

Le Club 405 tient son nom du maximum de 405 dollars que reçoivent chaque semaine les chômeurs de la ville. Il est l'un des innombrables groupes qui ont surgi sur l'internet avec la crise.Cofondateur du club dont la réunion inaugurale se tient cette semaine, José Gonzalez, 31 ans, veut redonner le moral.

«Vous êtes angoissé et vous savez qu'il doit bien y avoir quelque chose à faire quelque part», dit Gonzalez, qui a perdu en janvier son poste fort bien rémunéré de traqueur d'investissements à risque.

Le site www.The405club.com propose toute une série de combines, expliquant comment dépenser moins ou les 10 erreurs à éviter dans les entretiens d'embauche.

La ville de New York a un taux de chômage de 6,9%, inférieur à la moyenne nationale de 8,1%, mais le chiffre grimpe. Beaucoup de demandeurs d'emploi sont plutôt des jeunes provenant des secteurs de la finance ou du loisir.

The405Club.com n'est que l'un des sites qui ont envahi la toile. On peut trouver du réconfort sur le site psychologique «Bien se sentir quand tout va mal» ou encore «Les chômeurs sont à la mode», qui proclame «Nous sommes fauchés, nous sommes fâchés... comme vous».

«Garder l'esprit en éveil est le plus dur. On peut se dire ''ça'' je le ferai demain, et puis demain devient la semaine prochaine», dit le cofondateur du Club 405, Garrett Dale, 27 ans.

Réunis chez Garrett à Manhattan, une demi-douzaine de membres semblent toujours sous le choc.

Il y a quelques semaines encore, José Gonzalez menait le style de vie typique de l'as de la finance, fêtes au champagne et week-ends à la campagne. «On travaillait beaucoup, on gagnait énormément», résume-t-il.

Lui-même venait de se marier et faisait un safari en Afrique quand la mauvaise nouvelle est arrivée.

«Maintenant, plus de shopping et plus de bon vin», dit-il, avant d'ajouter: «en fait si, du vin, mais beaucoup moins cher».

Avec l'implosion de Wall Street, l'avenir est incertain et la soudaine absence de pression est douloureuse.

«C'est terrible de savoir que je peux dormir toute la journée», confie José.

Courtney Adams, 28 ans, a été licenciée en décembre par Epic Records, le label de musique du groupe Sony. Son compagnon a subi le même sort.

Ils ont vite réalisé qu'ils n'étaient pas seuls. «Dans tous les secteurs, la banque, la musique, les loisirs, les consultants, les gens perdent leur emploi», dit Courtney.

Et tous affirment qu'il est pratiquement impossible d'en retrouver.

Seule personne âgée de la réunion, Yvonne Fitzner, 66 ans, n'arrive pas à travailler depuis qu'elle a été remerciée par un cabinet de psychologie en 2006. Et une des rares offres qu'elle a reçues lui proposait une bonne rémunération pour... offrir des services sexuels par téléphone.

«On arrive au point où on n'a plus envie de chercher», dit Mme Fitzner, qui n'arrive pas à joindre les deux bouts.

Tandis que Dale essaye de vendre des produits dérivés de la crise sur son site --T-shirt ou casquettes-- Courtney Adams veut utiliser sa cuisine pour préparer et livrer des repas. Son compagnon a appris à utiliser des programmes informatiques et a monté leur site.

Les 405 dollars ne sont pas éternels et New York cesse de les verser après 59 semaines. Mais le chèque va passer à 430 dollars à la fin du mois de mars.

«On a été augmentés», dit Garrett Dale.