Des particuliers surendettés, des chefs d'entreprise en faillite : Radio Crésus, une radio qui émet sur l'internet depuis Strasbourg, tend l'oreille à ceux qui ne s'en sortent plus financièrement.

Lancée fin 2008 par l'association Crésus qui aide les personnes démunies à faire face aux problèmes de crédit, Radio Crésus ne connaît pas d'équivalent en France. «C'est un signe des temps», reconnaît Michel Knoell, 71 ans, juriste de Crésus spécialisé dans le surendettement.

«Au début de Crésus, je pensais que le surendettement serait un phénomène transitoire, jamais que ça deviendrait un métier», regrette M. Knoell, rappelant que, chaque année, ce sont 2.000 nouveaux dossiers qui entrent dans l'association.

Jean-Louis Kiehl, le directeur de Crésus Alsace, a ainsi imaginé «une radio économique et financière à la BFM, en plus populaire mais sans la bourse».

Selon le principe de l'émission --enregistrée en moyenne une fois par mois le vendredi dans les conditions du direct-- des auditeurs ou usagers de Crésus soumettent leurs problèmes à deux juristes de l'association.

Du crédit revolving aux cartes de fidélité avec facilités de paiement: à chaque question, l'association répond par un coup de projecteur sur le droit du consommateur.

Les appels, pris sur rendez-vous, viennent des quatre coins de la France. Dans un local qui a tout d'un vrai studio avec, à la réalisation, un animateur et un technicien, le casque vissé sur les oreilles, Cathy Neubauer, avocate au barreau de Saverne (Bas-Rhin) et bénévole depuis peu à Crésus, et Michel Knoell, attendent le premier appel.

Gaël, un entrepreneur, se dit désemparé face à une dette qui a enflé. L'avocate lui conseille de se déclarer en faillite civile, sans conséquence sur le casier judiciaire.

Parce qu'elles craignent d'être identifiées par leur entourage, les personnes demandent souvent à changer de prénom ou de ne pas mentionner leur nom de famille.

Claudine, de PACA, se demande si le surendetté est «responsable ou finalement coupable». «Coupable d'avoir des dettes, non ! Sinon, on serait au pénal», la rassure Me Neubauer.

Michel Knoell complète les réponses de l'avocate, en trouvant de sa voix grave les bons mots pour redonner du courage aux auditeurs comme à «M. Guy», étranglé par les créances contractées auprès de divers instituts de crédit.

«Ça ne dépend que de toi. Tu es le maître, le capitaine à bord et notre matelot. Tu auras notre boussole pour arriver à bon port. »

Selon l'avocate, «cette radio n'est pas une permanence juridique sur internet», mais «un outil dont on a de plus en plus besoin parce qu'en période de crise, les gens n'arrivent plus à s'en sortir», rappelle-t-elle.

Le plus difficile? «Maîtriser la parole des auditeurs sans qu'on donne l'impression qu'on les censure, car certains ont tendance à trop parler. »

Michel Knoell voit, lui, cette radio comme un moyen qui sert à «partager des expériences» et à «savoir quels types de personnes sont concernés» par les problèmes financiers.

Encore en rodage, Radio Crésus n'enregistre certes pour l'heure qu'une émission par mois, mais tourne 24 h sur 24 grâce aux rediffusions. Elle totalise 2.000 écoutes mensuelles et les internautes peuvent télécharger les émissions.