«N'ayez pas peur» de vous lancer sur Internet mais commencez sans tarder: tel est le conseil prodigué aux hommes politiques français par l'Américain Thomas Gensemer, un des animateurs de la net-campagne de Barack Obama.

De passage à Paris à l'occasion du Forum Netexplorateur sur le numérique qui s'est achevé vendredi au Sénat, Gensemer, un des associés de la start-up BlueStateDigital très impliquée dans la stratégie Internet d'Obama, a exposé certaines des recettes qui ont aidé à l'élection du nouveau président démocrate. Et donné quelques conseils à la classe politique française en réponse à une question.

«N'ayez pas peur d'échouer car c'est un média où vous pouvez constamment tester et changer votre message», a souligné ce jeune homme de 31 ans au crâne rasé. «Soyez honnêtes», «vous n'avez pas besoin de changer votre façon de vous comporter», a-t-il relevé.

«Démarrer tôt est la meilleure façon de réussir», selon lui. «N'attendez pas pour commencer à planifier» votre stratégie internet, «nettoyez vos bases de données», apprenez à connaître vos soutiens, commencez à les impliquer avant que n'approchent les grandes échéances électorales, a-t-il martelé.

Fondée en 2004 et basée à Washington D.C., BlueStateDigital est une société de conseil spécialisée dans les réseaux sociaux et la collecte de fonds en ligne. Dans le domaine politique, elle a notamment pour clients le Democratic National Committee (DNC) ou le sénateur démocrate Edward Kennedy. Elle a aussi travaillé pour la campagne de l'ancien maire travailliste de Londres Ken Livingstone, battu en mai 2008.

Approchée début 2007 par le candidat Barack Obama, la société a conçu le réseau social Myobama.com.

Les équipes d'Obama avaient les adresses électroniques de plus de 13 millions de personnes, a souligné M. Gensemer. Cela a constitué la «colonne vertébrale» de la mobilisation sur Internet, a-t-il estimé.

«Ce n'est pas la campagne de Royal qui a servi d'inspiration à la campagne de Barack Obama, ce sont les gens qui ont envoyé des e-mails et nous ont donné leurs idées», a déclaré en souriant le jeune homme.

Des journalistes venaient de lui apprendre que Ségolène Royal avait déclaré récemment qu'Obama s'était «inspiré» de sa propre net-campagne pour les présidentielles de 2007. L'ancienne candidate socialiste a précisé depuis qu'il s'agissait d'une remarque «humoristique».

Au total, les fonds recueillis en ligne par le candidat Barack Obama ont atteint 500 millions de dollars, a affirmé M. Gensemer. Quelque 3,2 millions de personnes ont fait des dons.

«Dire qu'Obama est un président 2.0 (issu du web communautaire et interactif: ndlr) n'a pas de sens, car c'est se focaliser sur la technologie alors qu'il s'agit d'une véritable capacité à mobiliser les gens», a-t-il estimé. D'ailleurs, Gensemer ne pense pas que le président américain soit plus féru de technologie que «la moyenne des cadres détenteurs d'un BlackBerry».

BlueSlateDigital, qui a ouvert un bureau à Londres, prospecte à présent d'autres marchés, notamment en Europe.

Interrogé par l'AFP, Thomas Gensemer a affirmé ne pas avoir encore pris contact avec des partis politiques français mais n'a pas exclu de le faire.