Le commerce électronique, c'est d'abord du commerce et non des machines et de la technologie. Quand les consommateurs et les commerçants ont besoin d'alphabétisation technologique, ce ne sont pas les investissements dans la machinerie qui amélioreront les performances du cyberachat, mais l'éducation. Il faut miser sur la maîtrise de la technologie en même temps qu'on développe une stratégie de mise en marché tenant compte des particularités des acheteurs, pas celles des logiciels.

L'erreur pour les cybervendeurs consiste à utiliser un profil socio-démographique pour cerner les acheteurs en ligne, alors les informations nécessaires sont du type comportemental. Des adultes se comportent comme des ados sur le Web, ce qui ne correspond pas à leur profil social, alors que des ados font preuve de maturité.L'étude sur le comportement de l'acheteur permettra d'ajuster la définition du site Web et du volet transactionnel en utilisant l'attitude du vendeur dans une boutique réelle qui, avant même de conclure une transaction, demande simplement : «Comment puis-je vous aider?»

C'est en résumé le constat qu'ont posé, mardi matin, les invités de la Chambre de commerce de Québec et du Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO) en commentant les données de l'indice du commerce électronique au Québec. Pour Carl Frédéric De Celles, président de iX Média, Philippe Le Roux, président de VDL2, Najoua Kooli, directrice de projet au CEFRIO, Éric Lacroix, directeur de projet chez SOM, il faut se demander pourquoi les entreprises québécoises sont mal positionnées dans le marché en évolution du commerce électronique.

Carl Frédéric De Celles raconte le cas d'une commerçante à qui l'institution bancaire a demandé 25 000 $ de dépôt pour qu'on accepte le mode transactionnel avec carte de crédit sur son site Web où elle vend des objets à 8 $ ou 10 $, une exigence décourageante, à son avis. Il s'interroge aussi sur la volonté du gouvernement québécois de miser sur le Web qui n'a pas de mode de paiement en ligne sauf pour les impôts et qu'il s'évertue à payer ses factures par chèque avec toutes les manipulations que cela implique. Pendant ce temps, le gouvernement du Nouveau-Brunswick paye ses factures et ses fournisseurs par versement dans le compte bancaire avec avis électronique.

La demande est là, ajoute Philippe Le Roux, c'est l'offre qui ne suit pas. Et on s'inquiète de la fraude et du vol d'identité. «C'est au plus 1 à 2 % des transactions, incluant les mauvaises données affichées sur un site, lance-t-il. Les transactions en ligne sont sécuritaires et l'origine des fraudes provient du matériel volé ailleurs, comme la banque ou le grand détaillant qui se sont fait dérober des ordinateurs contenant les données transactionnelles des clients. La gestion des données, ça, c'est un problème.» Il note qu'un numéro de carte de crédit volé valait 5 $ en 1994 et encore le même prix en 2008.

Le frein au commerce électronique serait causé par la structure industrielle et son modèle de distribution mal adapté aux cyberachats. Par contre, souligne Éric Lacroix, il n'est pas nécessaire d'avoir un volet transactionnel sur un site pour faire du commerce. Avoir un site Web pourra être une bonne stratégie de marketing, et la fidélisation par le courriel ne signifie pas l'obligation d'une transaction en ligne, mais aidera au commerce.

Et le processus d'achat n'est pas le même en ligne que dans un magasin, poursuit Najoua Kooli, de sorte que les entreprises doivent nécessairement adapter leurs stratégies de mise en marché. Ce n'est pas seulement une question de prix des marchandises, mais de facilité d'accès aux informations recherchées.