Vous êtes sur la page d'accueil de Google. Vous tapez quelques mots-clés. Puis en moins d'une seconde, votre recherche engendre plus d'un million de résultats... ainsi qu'une certaine quantité d'émissions de gaz à effet de serre.

La blogosphère est depuis quelques jours secouée par un intense débat entourant l'empreinte écologique d'une banale requête menée sur le moteur de recherche le plus populaire au monde.

Le Sunday Times de Londres a lancé le bal, dimanche, en rapportant les résultats d'une recherche universitaire de Harvard, selon laquelle on émet autant de CO2 en menant deux recherches sur Google qu'en portant à ébullition une bouilloire avec de l'électricité produite à partir de charbon. «Google exploite d'immenses centrales un peu partout dans le monde, ce qui nécessite de grandes quantités d'énergie», a expliqué au Times l'auteur de la recherche, Alex Wissner-Gross.

Le chercheur, qui est revenu sur certains propos depuis, précise que la rapidité d'une recherche Google n'est possible que par l'intermédiaire des nombreux serveurs de l'entreprise, implantés autant aux États-Unis, qu'en Europe, en Chine et au Japon. Cela se traduit par une importante demande énergétique, la plupart du temps produite à partir de charbon ou de pétrole.

Ajoutant à cette consommation d'énergie celle de l'ordinateur à partir duquel la recherche est menée, M. Wissner-Gross conclut qu'en moyenne, chaque requête saisie par Google émet 7 g de CO2, comparativement à 15 g pour une bouilloire (Au Québec, où règne l'hydroélectricité, on peut penser que les émissions liées à l'utilisation d'un ordinateur seraient moindres, mais pas celles liées à la requête comme telle).

Plus que l'aviation

Le chiffre cité par le professeur de Harvard est en quelque sorte confirmé par une étude distincte, menée par la firme britannique de consultants carbonfootprint.com, qui évalue qu'une requête Google émet de 1 à 10 g de CO2.

Il est aussi conforme aux conclusions d'un rapport plus vaste, rédigé par Gartner, une entreprise américaine réputée dans le domaine technologique. Sans entrer dans les détails d'une simple recherche Google, la firme soutenait récemment que l'industrie des technologies de l'information est responsable à elle seule de 2% des émissions mondiales de CO2. Elle polluerait plus, depuis 2007, que l'industrie de l'aviation au complet.

Les conclusions de M. Wissner-Gross ont soulevé un véritable tollé sur la Toile, qui a obligé Google à réagir. Sur le blogue officiel de la société, on réfute carrément les chiffres qui circulent, estimant qu'ils sont «plusieurs fois trop élevés».

On évalue plutôt à 0,2 g de CO2 les émissions produites par chacune des 200 millions de requêtes menées quotidiennement via Google. Cela voudrait dire que 1000 recherches Google pollueraient autant qu'une automobile roulant sur un kilomètre.

Comment a réagi le physicien d'Harvard à cette tempête? Il a nié avoir parlé de Google dans son étude (soumise pour publication dans la revue de l'US Institute of Electrical and Electronics Engineers), et a même nié avoir fait référence à Google en entrevue avec le Times. Il ne réfute toutefois pas les chiffres cités par le journaliste.