Le Canada devrait s'inspirer de la volonté exprimée par le président américain désigné Barack Obama et faire de la pénétration de l'internet large bande une priorité nationale, estime un groupe d'experts en télécoms.

Selon un rapport du SeaBoard Group, le Canada perd lentement, mais sûrement, son avance à ce chapitre par rapport aux autres pays développés. Une situation qui laisse planer un haut risque sur la compétitivité future de la nation.

«La large bande sera un élément-clé de nos industries de la culture et de l'éducation, écrit le groupe. Une infrastructure de communications antique devrait être considérée aussi inquiétante que des routes qui se défont en morceaux.»

D'après un classement de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Canada se classait au 10e rang mondial l'an dernier en termes de pénétration de la large bande. Or, il était huitième l'année précédente, et deuxième en 2002. «Le reste du monde nous rattrape», souligne le SeaBoard Group.

Le Canada se démarque toujours par son nombre élevé de connexions haute vitesse, mais la «qualité» n'est pas toujours au rendez-vous, note le rapport. La vitesse, le délai de transit et la fiabilité sont très importants pour favoriser l'adoption des nouvelles technologies, par exemple la webtélé haute définition, ajoute le document.

Telus, deuxième entreprise de télécommunications au Canada, a plaidé en juillet dernier pour qu'Ottawa investisse 1 milliard de dollars afin de rendre la large bande accessible à toutes les communautés rurales du Canada. Le gouvernement pourrait puiser cette somme à même les 4,3 milliards recueillis lors de l'enchère récente de licences sans-fil, selon Telus.

Destination Laval

C'est à Laval, en banlieue de Montréal, que se trouve la connexion internet la plus rapide au Canada, remarque le SeaBoard Group. Vidéotron y offre en effet un service à 50 Mégabits par secondes (Mb/s), qui dépasse 35 fois la norme fixée par le CRTC pour qu'un service puisse être considéré à «large bande».

Ce service représente aussi - et de loin - l'option la plus économique au prorata de la vitesse, fait valoir le rapport.

 

Maxime BergeronQu'est-ce que la large bande ?

La définition de la large bande varie fortement de pays en pays. En gros, il s'agit d'une connexion internet dite à haute vitesse, donc plus rapide que celle procurée par les modems téléphoniques à 56 kilobits par seconde (Kb/s). Plus le débit de transmission des données est élevé, plus l'utilisateur peut utiliser le potentiel de sa connexion, par exemple en regardant des films ou des émissions de télé haute définition. Aux États-Unis, les autorités fédérales définissent la large bande comme étant plus rapide que 0,768 Kb/s. Le CRTC, au Canada, a décrété une norme deux fois plus rapide, à 1,5 Mégabits par secondes (Mb/s). Le Japon, pays ultratechno, fait cavalier seul avec un seuil de large bande fixé à... 100 Mb/s! L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a pour sa part adopté la norme de 0,256 Kb/s pour définir la large bande.