Avec l'arrivée d'internet, on la croyait condamnée à disparaître lentement mais sûrement, au profit de ces voeux qu'on envoie aux quatre coins du monde d'un seul clic. Erreur. La traditionnelle carte de souhaits a toujours sa place sur nos cheminées.

Il y a bien ceux qui, le 24 décembre, se ruent vers le cyberespace pour faire parvenir à temps leurs voeux de Noël. Ou encore ceux qui n'ont jamais signé une carte de leur vie et qui ont depuis longtemps adopté la messagerie électronique au détriment de la boîte aux lettres. Mais, règle générale, ceux qui ont pris l'habitude de prendre quelques heures chaque année pour coucher sur papier leurs meilleurs voeux risquent de le faire encore longtemps.

 

C'est du moins ce qu'affirme Jennifer Kinnon, porte-parole chez Hallmark Canada. Chef de file dans la vente de cartes de souhaits, l'entreprise offre aussi depuis quelques années des cartes virtuelles sur son site internet.

«Les cartes virtuelles ne remplacent pas les cartes papier, dit-elle. C'est plutôt un complément pour des souhaits un peu moins formels.» Chez Hallmark, qui ne veut pas dévoiler le nombre de cartes vendues chaque année, on indique que pour chaque carte virtuelle envoyée, au moins une vingtaine de cartes papier ont été achetées. Un chiffre qui est stable depuis quelques années.

Le son de cloche est semblable chez le Groupe Pierre Belvédère, qui est aussi un joueur important dans la vente de cartes de souhaits au Canada. Le papier a toujours la cote, surtout auprès des entreprises. Les ventes commerciales ont même augmenté cette année, indique le porte-parole Éric Prud'Homme. «Dans une relation d'affaires, la carte papier reste privilégiée», dit-il.

Le cofondateur du site internet La girafe timbrée.com, un pionnier au Québec en matière de cartes virtuelles, le confirme. «On a eu des clients commerciaux qui, après quelques années, sont retournés au papier», dit Fabien Savary, qui ajoute que la demande pour les cartes virtuelles s'est stabilisée depuis quelques années. Mais le fossé des générations ne cesse de se creuser. Ceux qui optent pour le papier ont généralement entre 35 et 65 ans, alors que les jeunes sont plus vites sur le clavier.

Une tradition anglaise

La tradition d'envoyer des souhaits par la poste serait née en Angleterre, vers 1840, avec l'apparition du timbre-poste qui facilita beaucoup l'envoi de lettres. La coutume se répandit rapidement dans toute l'Europe.

Aujourd'hui encore, elle représente pour plusieurs la meilleure façon de garder un contact privilégié avec ceux qui nous sont chers. «Les gens qui ont pris cette habitude n'arrêteront pas d'envoyer des cartes par la poste», estime Jean-Guy Vaillancourt, sociologue à la retraite de l'Université de Montréal. «Dans ce geste, il y a un aspect de solidarité, de réseautage et de liens amicaux ou familiaux qui compte pour beaucoup.»

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