Le département d'Etat américain tend la main au grand public avec une nouvelle forme de communication: une «conférence de presse» sur YouTube, ouverte à tous, qui remporte pour le moment un succès mitigé.

«Briefing 2.0», lancé en octobre par le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, est supposé permettre aux «journalistes-citoyens», étudiants, chercheurs et autres bloggeurs de questionner directement le gouvernement américain sur sa politique étrangère, sans passer par le filtre de la presse.

Mais la troisième édition de cette conférence, enregistrée cette semaine dans la salle de conférence de presse du département, a montré les limites de l'exercice.

Alors que les points de presse quotidiens de Sean McCormack sont filmés et retransmis en direct sur certaines chaînes câblées, le «Briefing 2.0» est retransmis en différé et laisse toute latitude au porte-parole de consulter les questions à l'avance, ce qui donne à l'expérience davantage l'apparence d'un exercice de propagande que d'un réel effort de communication.

Celui qui pose une question n'a pas en effet la possibilité de reprendre la parole. Il ne peut ni interrompre le porte-parole, ni mettre en doute ses affirmations, ce qui a permis à M. McCormack de parler pendant près de 40 minutes sans être interrompu.

Une adhésion de l'Ukraine et la Géorgie à l'Otan dans les deux ans est-elle «plausible»?, demande Leo, de Washington.

Expliquant que lors de sa dernière réunion ministérielle, l'Otan «n'est pas parvenue à une décision», Sean McCormack rappelle la position officielle des Etats-Unis sur la nécessité d'étendre l'Alliance Atlantique à ces deux ex-républiques de l'URSS.

L'approfondissement des relations entre la Russie et le Venezuela ne pose-t-il pas un problème aux États-Unis?, demande Aaron, du Massachusetts.

Personne ne doute de qui représente la force dominante dans la région, répond Sean McCormack, reprenant une formule de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice.

Le président vénézuélien Hugo Chavez «a été élu mais il ne gouverne pas de façon démocratique», ajoute-t-il.

Autre limite de cette expérience, le grand public tarde à manifester son intérêt. Sur les neuf questions postées sur YouTube au cours de cette réunion, sept avaient été enregistrées par des étudiants d'universités américaines incitées par le département d'Etat à participer à l'expérience.

Deux intervenants seulement avaient posté spontanément leurs questions - sur l'impact de 8 ans d'administration Bush sur l'image des États-Unis - et M. McCormack y a répondu par des déclarations vagues sur la promotion de la démocratie et de la liberté, un des credo de l'administration.

Pour rendre le «briefing» plus réaliste, le département d'État a invité des étudiants à assister à l'événement et à poser des questions dans la salle.

Mais en cette période d'examens, aucun volontaire ne s'est manifesté cette semaine et le ministère s'est tourné vers les nombreux centres de recherche de la capitale qui ont envoyé une dizaine de jeunes chercheurs.

Les questions ont été rares mais plus précises, et les jeunes spécialistes n'ont pas hésité à «relancer» Sean McCormack quand il ne répondait pas assez précisément à leur question.

Sur la chaîne du département d'Etat du site YouTube, le précédent numéro du «Briefing 2.0», enregistré le 20 novembre, a été consulté 829 fois.

«Bien que vous n'ayez pas répondu à ma question, je veux vous remercier d'avoir créé une occasion tellement super de communiquer avec les gens», indique «seanlach» sur l'un des deux commentaires suscités par l'enregistrement.