Il y a d'abord eu le site web, ensuite le blogue et, maintenant, le microblogue. Créé de toutes pièces il y a deux ans à peine, ce nouvel outil de communication, incarné notamment par le service Twitter, est la tendance de l'heure dans le monde branché de l'internet. Des politiciens en campagne aux chaînes hôtelières, en passant par les groupes médias traditionnels, tout le monde s'y intéresse. Prochain objectif: percer le monde des entreprises.

Le microblogue est à l'internet ce que le téléphone intelligent est à l'informatique: petit, rapide et bref. Si la longueur d'un billet publié sur un blogue s'obtient en comptant les mots, un billet de microblogue se compte en nombre de caractères: sur Twitter, le principal service du genre à l'heure actuelle, ça se limite à 140 caractères. La formule semble plaire: Twitter compte plus de trois millions de membres à l'heure actuelle. Parmi ceux-ci, on compte des personnalités politiques comme Barack Obama et Stephen Harper, et quelques groupes médiatiques d'envergure, comme CNN et Radio-Canada.

 

Réseau d'influence

«C'est une formule recyclée de la vieille technologie qu'est la messagerie texte», résume Laurent Maisonnave, cofondateur de l'agence montréalaise VidéoPresse et microblogueur impénitent. Le microblogue, lui, s'adresse plutôt à une communauté d'internautes, pas seulement au propriétaire d'un téléphone cellulaire.

Cela dit, l'analogie avec le sans-fil n'est pas fortuite. Comme celui-ci, le microblogue pourrait bientôt devenir un outil populaire au sein des entreprises où les employés ne logent pas tous à la même adresse. En plus, il se marie plutôt bien à ces petits appareils mobiles que sont les BlackBerry, iPhone et consorts.

«C'est utile pour informer les collègues de travail sur son occupation du moment», explique David Sacks, créateur du nouveau service Yammer, qui se définit comme un Twitter pour entreprises. Yammer fonctionne de manière privée; seuls les membres d'une même organisation se retrouvent entre eux. Les utilisateurs peuvent trier les courts messages publiés par leurs collègues de façon chronologique, par thème ou par mots-clés. «C'est aussi une façon de découvrir qui sont les personnes les plus influentes au sein de l'entreprise», dit M. Sacks.

Valeur ajoutée

On pourrait arguer qu'à l'opposé d'un site web ou d'un blogue, le microblogue est une forme de communication plutôt informelle qui demande une interaction constante. Pour les entreprises, c'est un outil dont l'impact est, pour le moment du moins, encore imprévisible. «On cherche encore le modèle d'affaires de Twitter, explique M. Maisonnave. Twitter n'est pas une fin en soi, ça peut s'inscrire dans une stratégie de communication web 2.0. Mais c'est comme pour les blogues: si la communication ne va que dans un sens, aussi bien ne pas y aller. Ça peut être casse-gueule si ce n'est pas utilisé correctement.»

Une entreprise qui n'a pas eu froid aux yeux est la chaîne hôtelière canadienne Fairmont, qui s'est récemment inscrite à Twitter. Son objectif? Rejoindre les internautes mobiles en quête d'hébergement. Les billets publiés traitent de tout et de rien, de nouveaux services, de l'état des rénovations ou des soldes de l'heure à tel ou tel hôtel. La meilleure façon de se servir de cet outil: livrer de l'information qui, autrement, ne rejoindrait jamais la clientèle cible de l'entreprise.

«Si on utilise Twitter pour envoyer un fil de nouvelles déjà existant, on ne fait que du bruit de plus dans un autre canal de communication», estime Michel Dumais, observateur des nouveaux médias et lui-même utilisateur de Twitter. «Ça prend une valeur ajoutée, sinon ça n'a aucune utilité.» Ça rejoint le point de vue de Laurent Maisonnave. «Ça crée un lien plus étroit entre l'entreprise et ses clients. L'envoi d'information exclusive est toujours très apprécié», dit-il.