Désormais, Montréal et Pékin auront en commun d'être du prestigieux groupe des villes qui ont accueilli les Jeux olympiques. Indirectement, cela leur procure un deuxième trait commun: la hausse de popularité du covoiturage et des sites web où il s'organise.

C'est pour assurer un transport sans heurt des visiteurs au site olympique, ainsi que pour réduire la pollution atmosphérique, que les autorités chinoises ont instauré, fin juin, une réglementation visant à réduire la circulation automobile. Celle-ci limite à une journée sur deux l'accès à la ville par les 3,3 millions de voitures de la région, selon que le dernier chiffre de leur plaque d'immatriculation soit pair ou impair.

Le gouvernement chinois affirme que le taux de pollution automobile a baissé de 20% en moyenne. Selon l'agence de presse Xinhuan, les «sites web de covoiturage», où «des messages sont laissés par des automobilistes à la recherche d'un compagnon dont le numéro de plaque d'immatriculation est complémentaire», en ont également profité. L'agence cite en exemple ces voisins de palier, ne se connaissant pas jusque-là qui ont découvert que leurs employeurs étaient également voisins, et qui depuis font l'aller-retour quotidien ensemble.



Longue distance


À Montréal, c'est le prix élevé de l'essence qui convainc les automobilistes de pratiquer le covoiturage. Le fondateur du site AmigoExpress, Marc-Olivier Vachon, constate une hausse particulièrement élevée du nombre de membres qui utilisent son service, depuis quelques mois.

«Quand on a fondé le site en 2006, on sentait qu'il y avait un véritable besoin pour ça, explique le jeune entrepreneur. Ce n'est rien comparé aux derniers mois, où on a reçu entre 4000 et 5000 inscriptions.» En dehors des sites de petites annonces classées plus généralistes, comme Craigslist ou Kijiji, AmigoExpress est un des plus importants sites de covoiturage au Québec, avec au-delà de 21 000 membres.

Depuis le début, sa clientèle est composée principalement d'étudiants et de personnes de moins de 30 ans qui font régulièrement la navette entre Montréal et d'autres régions du Québec. La plupart des départs ont lieu la fin de semaine. «Ils retournent voir la famille ou leur petit ami», illustre M. Vachon.

Il remarque toutefois que le profil de ses utilisateurs change: il prend de l'âge. «Depuis un an environ, on remarque qu'il y a plus de baby-boomers qui s'inscrivent», dit-il. Une fois inscrits, les membres peuvent trouver un conducteur ou un passager, à partir de profils «à la Facebook», et régler les détails du voyage.

Le passager paie une partie de l'essence. Quand l'entente est scellée, AmigoExpress facture des frais de 5$. «Pour le passager, c'est moins cher que prendre l'autobus", assure le responsable du service web. «Pour le conducteur, ça peut aller jusqu'à leur payer le plein d'essence.»

AmigoExpress se concentre sur les voyages longue distance, pas sur le covoiturage quotidien, qui aiderait à éliminer les heures de pointe. «Du côté du covoiturage travail-domicile, il n'y a pas vraiment de modèle d'affaires viable», estime Marc-Olivier Vachon.

De toute façon, l'Agence métropolitaine de transports (AMT) développe en ce moment le portail Allégo, pour la grande région montréalaise. Le projet-pilote s'adresse exclusivement aux entreprises, qui doivent y inscrire leurs employés. Allégo compte en ce moment 1392 covoitureurs, issus de 218 entreprises.

«L'objectif est de diminuer le nombre d'automobilistes solitaires sur la route" », assure Martine Rouette, porte-parole de l'AMT. «À court terme, c'est dans notre désir d'effectuer du jumelage pour le covoiturage, et aussi pour créer des groupes de cyclistes ou de piétons pour se rendre au travail. » Lors de la refonte du portail, tous les automobilistes devraient avoir accès à ce service. L'AMT ne dit pas quand il sera lancé, mais il pourrait éviter à Montréal d'avoir une autre similitude avec Pékin: un nuage de smog brun-jaune quasi permanent.