Près de 450 000 téléchargements illégaux de films récents sont effectués en France chaque jour, autant que les entrées dans les cinémas, selon une étude, la première du genre, de l'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA).

«Nous sommes face à un phénomène majeur qui peut mettre en péril l'industrie du cinéma et de l'audiovisuel. On ne s'attendait pas à de tels chiffres», a indiqué à l'AFP Frédéric Delacroix, délégué général de l'ALPA. Les films américains demeurent les plus convoités par les pirates français avec, en tête, «Jumper» de Doug Liman.

De novembre à juin, l'association chargée de lutter contre toute forme de piratage à l'initiative des compagnies de cinéma dont Gaumont, a surveillé le trafic depuis la France avec les principaux réseaux de poste-à-poste (P2P) basés à l'étranger et permettant ces téléchargements illégaux.

L'observation a porté sur les 100 premiers films piratés français et étrangers, représentant 90% des téléchargements. En décembre, 536 000 actes quotidiens de piratage cinématographique ont été recensés, chiffre record pour la période étudiée. La moyenne quotidienne est de 450 000 téléchargements, et la mensuelle dépasse 14 millions, uniquement pour des oeuvres proposant une piste en langue française.

Selon l'ALPA, la demande totale est pourtant loin d'être satisfaite: régulièrement saturés, les serveurs de poste-à-poste ne répondent qu'à moins de 4O% des sollicitations.

«Bienvenue chez les Ch'tis» est en tête des films français les plus piratés avec 9800 téléchargements quotidiens. La présence de l'oeuvre sur internet a été constatée le 5 mars, 4 jours après sa sortie en salle.

Piratée 682 000 fois depuis début mars, la comédie de Dany Boon précède «Persepolis» de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, «La Môme» de Olivier Dahan, «Disco» de Fabien Onteniente et «Survivre avec les loups» de Véra Belmont.

Les films américains demeurent les plus convoités par les pirates français avec, en tête, «Jumper» de Doug Liman, «Cleaner» de Renny Harlin et «Iron Man» de Jon Favreau avec une moyenne de près de 20 000 téléchargements illégaux par jour pour chacun.

«Nous n'avons retenu que la fourchette basse dans cette surveillance, en retenant seulement les réseaux P2P les plus populaires», souligne le délégué général de l'ALPA.

«La piraterie des films nécessite des mesures appropriées urgentes. Le projet présenté par la ministre de la Culture peut être une solution», a estimé Frédéric Delacroix.

Christine Albanel a présenté mi-juin un projet de loi instituant une riposte graduée envers les pirates sur internet, allant du simple avertissement à une suspension de l'abonnement.

Dans une tribune publiée par Le Monde, une trentaine de cinéastes dont Bertrand Tavernier, Jean-Jacques Beineix ou Catherine Breillat ont apporté leur soutien au projet de loi qualifié d'«équilibré».