La dépendance à Internet mériterait d'être reconnue comme un trouble psychiatrique, affirme un psychiatre américain dans l'American Journal of Psychiatry.

Une fois connectés à Internet, perdez-vous la notion du temps? En oubliez-vous de vous nourrir? Êtes-vous angoissés quand vous n'avez pas de clavier ni de souris sous la main? Mentez-vous quant à votre temps passé en ligne? Cela vous conduit-il à vous isoler socialement?Si vous avez répondu oui à toutes ces questions, vous avez probablement un usage exagéré des nouvelles technologies.

Cette dépendance est devenue assez courante pour faire partie des troubles mentaux, estime le docteur Jerald J. Block, psychiatre à l'université Santé et Science de l'Oregon (Portland) dans l'American Journal of Psychiatry.

Le chercheur propose que la connexion exagérée à Internet figure dans la prochaine édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, une référence internationale dans le diagnostic des problèmes psychiatriques. La nouvelle version de l'ouvrage est prévue en 2012.

D'après M.Block, la dépendance à Internet serait un trouble compulsif-impulsif, à la fois répétitif et irréfléchi, qui serait associé dans 86% des cas à un autre trouble mental.

Le psychiatre regrette que les États-Unis ne disposent pas de chiffres sur la prévalence de ces troubles. Les Américains se connectent à Internet depuis leur domicile, contrairement aux populations des pays asiatiques. Le phénomène serait ainsi minimisé par la honte de reconnaître certains comportements de dépendance.

Les recherches les plus intéressantes ont été publiées en Corée du Sud, note M.Block. Dans ce pays, la dépendance au Web est un enjeu de santé publique, après avoir été reliée à plusieurs décès dans des cybercafés.

Le gouvernement Sud-Coréen estime que 2,1% des personnes âgées de 2 à 19 ans seraient touchées, et nécessiteraient un traitement. Un cas sur cinq mériterait une hospitalisation.

En Chine, 13,7% des adolescents utilisateurs d'Internet pourraient être diagnostiqués dépendants, selon Tao Ran, un chercheur de l'Hôpital central de la région militaire de Pékin.

Avec Ottawa Citizen