Vous naviguez sur eBay et tombez sur l'image d'un pancréas? Vous ne rêvez pas. Un Québécois qui souffre d'une rare maladie offre son organe aux chercheurs intéressés.

Vous naviguez sur eBay et tombez sur l'image d'un pancréas? Vous ne rêvez pas. Un Québécois qui souffre d'une rare maladie offre son organe aux chercheurs intéressés.

Mario Meunier, qui habite près de Rivière-du-Loup, a mis son étrange petite annonce en ligne la semaine dernière sur les sites eBay et BidOfferBuy. En échange de 500 000$, il offre de se faire opérer au pancréas pour des fins de recherche. Il propose aussi de servir de cobaye médical.

L'homme de 36 ans souffre de nésidioblastose, une maladie du pancréas qui provoque des crises d'hypoglycémie. Il a développé le problème à la suite d'une chirurgie de l'obésité qu'il a subie en 2000.

Un médecin a diagnostiqué sa maladie à l'aube de 2007 et lui a prescrit l'ablation partielle du pancréas. Mardi dernier, Mario Meunier s'est d'ailleurs rendu à l'hôpital Saint-Luc pour une rencontre en vue de l'opération, prévue le 21 février. Mais le rendez-vous pré-opératoire s'est terminé en queue de poisson.

Le malade a refusé de signer le formulaire de consentement d'opération: il contestait la clause du document gouvernemental demandant qu'il s'engage à céder son organe à l'hôpital.

Mario Meunier désirait garder la partie de son pancréas en vue de faire «sa propre recherche médicale». Il veut prouver que tous ceux qui subissent la chirurgie de l'obésité souffrent de nésidioblastose à différents degrés. La science considère qu'il s'agit plutôt d'une complication extrêmement rare.

«On ne m'a pas laissé le choix, déplore Mario Meunier. Je signais ou on annulait mon opération.»

Or, une loi provinciale interdit de conserver ses organes après une intervention chirurgicale. «Nous devons toujours envoyer l'organe au département de pathologie pour une analyse», explique le Dr André Roy, son chirurgien à l'hôpital Saint-Luc.

«Et en principe, l'organe retiré n'appartient plus à la personne, mais à l'établissement médical», explique Patrick Molinari, professeur en droit de la santé à l'Université de Montréal. Tout en suivant des règles strictes, l'hôpital a aussi le droit de faire sa propre recherche sur les organes.

Mario Meunier trouvera-t-il un acheteur? Personne ne s'est montré intéressé pour l'instant. «Et de toute façon, la vente d'organe est absolument interdite, indique M. Molinari. C'est contraire à l'ordre public.»