Luc Verville et son frère Michel ont touché 1,2 M$ de rémunération en 2007 pour développer la PME Capazoo, soit 20% des fonds des investisseurs, a appris La Presse Affaires.

Luc Verville et son frère Michel ont touché 1,2 M$ de rémunération en 2007 pour développer la PME Capazoo, soit 20% des fonds des investisseurs, a appris La Presse Affaires.

Nos informations sont tirées des plus récents états financiers vérifiés de l'entreprise, que nous avons obtenus (1).

Au cours de l'exercice terminé le 31 mars 2007, Luc Verville a empoché 656 378$, tandis que son frère a obtenu 519 067$, pour un total de 1,18 millions.

Cette somme correspond à 20% des fonds recueillis auprès des investisseurs, qui ont totalisé 5,9 millions au cours de l'année terminée le 31 mars 2007. La rémunération de Luc Verville est double.

D'abord, le financier s'arroge une commission de 10% pour les fonds qu'il recueille auprès des investisseurs. Ce volet de son travail lui a permis d'empocher 436 378$.

Ensuite, Luc Verville a encaissé 220 000$ de salaire à titre de chef de la direction de l'entreprise. De son côté, la somme récoltée par Michel Verville est constituée de salaires et d'avances qui ne comportent ni intérêts ni modalités de remboursement.

Michel et Luc Verville sont les deux principaux actionnaires de Capazoo. À eux deux, ils détiennent plus de 80% des actions de l'entreprise, selon nos estimations, basées sur les documents les plus récents de l'entreprise.

Les deux frères n'ont rien déboursé pour ces actions, émises à la création de l'entreprise, en juin 2006.

Au cours de l'année terminée le 31 mars 2007, Capazoo était en développement et n'a donc réalisé aucun revenu. L'entreprise a par contre déclaré une perte de 4,4 millions, dépense financée avec les fonds des investisseurs.

Commission de 10%

Dans le secteur financier, la commission de 10% prise par Luc Verville, ajoutée à son salaire, font dresser les cheveux sur la tête.

Sans identifier l'entreprise ou les personnes, nous avons expliqué la situation au gestionnaire de portefeuille Guy Leblanc, en affaires depuis 20 ans, notamment avec les PME.

Habituellement, dans un placement public, la commission d'un courtier pour recueillir des fonds se situe plutôt autour de 5 à 8% et augmente avec le degré de risque.

Toutefois, dit M. Leblanc, la commission est versée à une personne indépendante de l'entreprise, qui ne touche pas un salaire en plus.

«Je n'ai jamais vu ça. Ce n'est pas correct. Il y a beaucoup de lumières rouges qui s'allument. Il y a un conflit d'intérêts patent», nous dit le président de Cote 100.

Une réserve aux états financiers

Par ailleurs, la firme externe qui vérifie les états financiers de Capazoo World, soit Raymond Chabot Grant Thornton, a émis une réserve aux états financiers de l'entreprise.

«Notre examen indique certaines déficiences dans le système de contrôle interne. Nous avons donc été incapables d'établir avec satisfaction, par les mesures normales de vérification, que toutes les dépenses ont été justifiées.»

«Conséquemment, certains ajustements peuvent être nécessaires en regard de l'inscription ou de la non-inscription d'actifs ou de passifs ou d'éléments à l'état des résultats, des bénéfices et des flux monétaires.»

À lire aussi :

- Chicane de famille sur le Web

- Capazoo: pour se faire des amis Internet

- Paul Delage Roberge défend Capazoo