Bill Gates l'a dit simplement à ses cadres, le 30 octobre 2005: «La prochaine vague de changement est à nos pieds.» La note de M. Gates était laconiquement intitulée «Services logiciels sur internet». Hier, cette vague a pris la forme d'un tsunami. Car en acquérant Yahoo!, Microsoft accélère une transformation du monde informatique qui semble être surtout l'affaire de Google.

Bill Gates l'a dit simplement à ses cadres, le 30 octobre 2005: «La prochaine vague de changement est à nos pieds.» La note de M. Gates était laconiquement intitulée «Services logiciels sur internet». Hier, cette vague a pris la forme d'un tsunami. Car en acquérant Yahoo!, Microsoft accélère une transformation du monde informatique qui semble être surtout l'affaire de Google.

En surface, c'est une concurrence que se livrent trois moteurs de recherche désireux d'avoir la part du lion d'un marché publicitaire en ligne en forte croissance. En additionnant les parts de son site, Windows Live Search (10%), à celles de Yahoo! (23%), le géant de Redmond s'accapare le tiers de toutes les recherches effectuées par les internautes américains, et se rapproche substantiellement de Google (58%).

Tout le génie de Google repose dans sa stratégie publicitaire, née du succès de son moteur de recherche. AdWords affiche une publicité qui cadre avec le contenu de la page web, ce qui plaît aux annonceurs. Ce service s'est répandu rapidement, au point d'être sur la page d'un nombre important de sites indépendants, sous le nom d'AdSense. Il y a un an, suite à la note de M. Gates, et en réponse au succès de Google, Microsoft a lancé un service similaire, AdCenter.

Double défi pour Microsoft

Sauf qu'il y a plus qu'un enjeu publicitaire dans la transaction entre Microsoft et Yahoo!. C'est aussi le quasi-monopole de Microsoft dans les applications de bureau qui est menacé. Une nouvelle génération de services en ligne, comme Google Documents, par exemple, propose de remplacer les logiciels installés sur un ordinateur par des services accessibles sur internet. Ces services, qui rivalisent avec la suite bureautique Office de Microsoft, ont le double mérite d'être bien plus abordables, et de pouvoir prolonger la vie utile d'un ordinateur de bureau.

Les entreprises qui gèrent un parc informatique imposant, pour la plupart d'excellents clients de M. Gates, voient ces énormes économies potentielles, et la tentation est grande de laisser tomber Microsoft.

En mettant la main sur Yahoo!, Microsoft espère donc accélérer le développement de nouveaux services web complémentaires à ses logiciels. C'est un objectif clairement mentionné par Steve Ballmer, PDG de l'entreprise. «Nous espérons que notre union se traduira par un meilleur choix et plus d'innovation pour nos clients et nos partenaires dans l'industrie.»