Le 42e Midem, le marché mondial de la musique, s'achève sur un certain optimisme, l'industrie musicale croyant enfin discerner l'émergence de nouveaux modèles économiques sur internet et les téléphones mobiles pour compenser l'effondrement de la vente de CD.

Le 42e Midem, le marché mondial de la musique, s'achève sur un certain optimisme, l'industrie musicale croyant enfin discerner l'émergence de nouveaux modèles économiques sur internet et les téléphones mobiles pour compenser l'effondrement de la vente de CD.

«L'industrie fait face à d'énormes défis, mais j'ai senti des notes d'optimisme de la part de beaucoup d'entreprises», a commenté la directrice du Midem, Dominique Leguern, à la veille de sa clôture à Cannes.

La baisse du nombre de participants (9100 venus de 91 pays, contre 9400 l'an passé) vient essentiellement de l'industrie traditionnelle (les CD), alors que la part d'entreprises issues du monde numérique a augmenté de 19%.

Depuis cinq ans, les ventes de CD s'effondrent -- le marché de la musique a perdu la moitié de sa valeur en cinq ans en France par exemple --, ce que l'industrie attribue au piratage sur internet. Cela fait autant d'années que la filière répète comme un mantra que son salut viendra des nouvelles technologies, le net et les téléphones mobiles.

En 2008, l'émergence de plusieurs modèles économiques pourrait véritablement prendre corps, parallèlement au schéma à l'acte (le consommateur paie pour chaque téléchargement) dicté par Apple et son site iTunes.

Les formules d'abonnement à des services de téléchargement illimité sont celles qui suscitent le plus d'espoir dans l'industrie musicale.

Autre possibilité, les services gratuits financés par la publicité. Mais leurs promesses de revenus semblent nettement plus floues et hypothétiques. Le Midem a d'ailleurs été marqué par le lancement raté du site de peer-to-peer QTrax.

Basé à New York, il prétendait proposer plus de 25 millions de titres en téléchargement gratuit grâce au financement publicitaire, avant que les majors (Universal, Sony-BMG, EMI et Warner) démentent avoir conclu des accords avec lui, au moins pour l'instant.

Pour que ces offres émergent, l'industrie veut juguler la piraterie. Les producteurs français attendent beaucoup des mesures nées de la mission confiée par le gouvernement au Pdg de l'enseigne culturelle la Fnac, Denis Olivennes.

Elles prévoient l'envoi aux pirates de messages d'avertissement puis la suspension de l'abonnement internet des récidivistes.

Au-delà du seul cadre hexagonal, ces mesures ont été saluées par l'industrie internationale.

Le manager du groupe U2, l'Irlandais Paul McGuinness, qui a violemment dénoncé au Midem la responsabilité des fournisseurs d'accès internet dans le piratage, a qualifié ce «plan Sarkozy» de «superbe précédent que les autres gouvernements devraient suivre».

Cela ressemble à un revirement de l'Histoire, deux ans après que les députés français se furent attirés le courroux de l'industrie internationale en esquissant un premier pas vers l'adoption de la licence globale (et donc la dépénalisation de fait du téléchargement dit «pirate»).

Enfin, le Midem a été marqué par une opération séduction de la Chine. Une délégation officielle de cent personnes est venue promouvoir ce marché de 1,3 milliard d'habitants, pourtant touché par un taux de piraterie énorme (80% pour les CD, 99% en ligne).

«La Chine est le plus gros des marchés émergents et je ne vois pas comment notre industrie pourrait ne pas travailler avec elle», a estimé Mme Leguern.

Selon elle, il y a 480 millions de téléphones mobiles en Chine, un nombre en hausse de 10% par mois.

Signe de cet intérêt pour l'Asie, Reed Midem, l'organisateur du Midem, lancera en novembre à Hong Kong un salon consacré à la distribution des contenus de loisirs sur les plateformes numériques.