Au-delà du seul téléchargement à l'acte, modèle dicté par le site iTunes d'Apple, l'industrie musicale, réunie au Midem, à Cannes, mise sur d'autres formules pour faire décoller le marché de la musique sur Internet et téléphones mobiles en 2008.

Au-delà du seul téléchargement à l'acte, modèle dicté par le site iTunes d'Apple, l'industrie musicale, réunie au Midem, à Cannes, mise sur d'autres formules pour faire décoller le marché de la musique sur Internet et téléphones mobiles en 2008.

«La révolution digitale a commencé, et chez Universal on croit beaucoup au développement des offres à l'abonnement», a affirmé samedi au Midem à Cannes Pascal Nègre, président de la branche française d'Universal, la plus grosse des quatre majors du disque (plus de 40% du marché hexagonal).

Le modèle dominant de l'achat à l'acte (0,99 cent le morceau, 9,99 euros l'album) a été dicté par iTunes il y a quelques années, dès la genèse du marché numérique. Mais ces derniers mois des schémas alternatifs ont émergé.

En août, le fournisseur d'accès Internet (FAI) Neuf Cegetel a lancé en France un service de téléchargement de musique illimité au sein du catalogue Universal dans le cadre de son abonnement «triple play» (Internet, téléphone, télévision). Il permet un accès gratuit à un genre musical ou un accès illimité à tout le catalogue moyennant une majoration mensuelle de 5 euros. L'accès est interrompu en cas de désabonnement.

L'opérateur de téléphonie mobile SFR, lui, a inclus le téléchargement de singles du catalogue Universal dans ses forfaits d'Internet illimité Illimythics, lancés en novembre et pour lesquels il revendique 252 000 abonnements (pour un objectif initial de 100 000).

Autre formule alternative, l'écoute gratuite de musique en «streaming» (sans téléchargement), comme sur le site Deezer, qui a conclu en octobre un accord avec la major Sony-BMG contre une rémunération issue de ses recettes publicitaires.

Lui aussi financé par la publicité, l'Américain QTRAX, lancé dimanche au Midem, est un service gratuit de téléchargement en «peer to peer». Il veut proposer 25 à 30 millions de titres après des accords avec les majors et des producteurs indépendants.

Enfin, l'écoute via les sites communautaires est également appelée à se développer.

Le marché numérique ne représentait que moins de 10% des ventes de musique en France en 2007. Les maisons de disques, majors comme indépendantes, espèrent ardemment qu'il sera dynamisé par ces nouvelles offres.

Selon elles, la clé est le changement d'attitude des FAI, qu'elles ont longtemps accusés d'utiliser la musique comme un produit d'appel en jouant sur l'attrait des internautes pour le téléchargement gratuit, sans se soucier de la rémunération de la filière musicale.

«Les FAI ont décidé de jouer le jeu et vont, nous l'espérons, devenir solides dans leur relation avec nous. Ils se sont mis du côté du business et pas uniquement du recrutement du consommateur à tout prix», se félicite Christophe Lameignère, patron de Sony-BMG France et président du Snep, le plus gros syndicat de producteurs.

Pour favoriser le décollage du numérique, les producteurs attendent énormément d'un accord signé fin novembre à l'Elysée avec l'Etat et les FAI, et jugent crucial que les mesures antipiratage qu'il prévoit soient mises en place avant l'été.

Reste que ces nouveaux modèles posent la question essentielle de la négociation des droits, évoquée au MidemNet, forum consacré samedi aux nouvelles technologies, en prélude au Midem. Une question ardue, juridiquement complexe et sur laquelle les différents acteurs tardent à s'entendre.