Dominique Leguern, la directrice du Midem (Marché international du disque et de l'édition musicale), qui débute ce week end à Cannes, souligne que cette industrie en crise a besoin de trouver de nouveaux modèles économiques capables de «redonner de la valeur à la consommation de musique».

Dominique Leguern, la directrice du Midem (Marché international du disque et de l'édition musicale), qui débute ce week end à Cannes, souligne que cette industrie en crise a besoin de trouver de nouveaux modèles économiques capables de «redonner de la valeur à la consommation de musique».

Q: Quelles seront les tendances et les thèmes majeurs du Midem?

R: «La tendance qui s'annonce, c'est l'accélération de la baisse des ventes de CD, avec -14% en moyenne cette année dans le monde, même si ça représente encore la majeure partie du chiffre d'affaires de la musique. Les deux grands axes des discussions au Midem seront les nouveaux modèles d'affaires, grâce auxquels on peut espérer redonner de la valeur à la consommation de musique, ainsi que la négociation des droits. C'est un problème majeur».

Q: À quel titre?

R: «Dès qu'on évoque un nouveau modèle d'affaires, le problème se pose immédiatement: comment rémunérer les auteurs et les ayants droit? Jusqu'à présent, la grande tendance a été celle-ci: à chaque fois qu'il y a un nouveau modèle économique, l'industrie musicale demande de telles rémunérations que les créateurs de ces modèles sont obligés de mettre la clé sous la porte car ils ne peuvent pas payer. C'est un goulot d'étranglement. Il faut que tous trouvent des moyens de s'entendre pour permettre à la technologie d'avancer et à tous ces nouveaux modèles d'exister».

Q: Pourquoi ces solutions à la crise mettent-elles tant de temps à émerger?

R: «Ce n'est pas facile de changer un business model sur lequel on fonctionne depuis 100 ans. Le support a changé, on est passé du vinyle aux cassettes et au CD, mais le modèle était resté le même: l'artiste, la maison de disques, la distribution physique, le consommateur. C'était simple, linéaire. Aujourd'hui, on a un rond avec l'artiste au centre, et autour toute une galaxie: la mise en marché, le label, les marques... La première réaction des maisons de disques, c'était de se dire: "On contrôlait la distribution physique, on va contrôler la distribution digitale". C'est là que ça s'est compliqué car la distribution digitale est un autre métier. Il faut se réinventer».

Q: La Chine renforce sa présence au Midem cette année

R: «Dans cette période de crise, c'est très important d'amener un pays qui peut être un Eldorado pour l'export de la musique, même s'il y a là-bas une piraterie galopante. On ne peut pas se passer de faire des affires avec la Chine: on en fait dans tous les domaines, on en fera dans la musique. Le potentiel est gigantesque, l'industrie du divertissment en Asie et en Chine, c'est autour de 18% de croissance par an. Ils arrivent au Midem avec une délégation de 100 personnes, trois fois plus qu'avant, un ministre de la Culture et des représentants de plusieurs régions. Nos clients du reste du monde ne vont peut-être pas faire de business avec la Chine dès demain matin, mais vont commencer à construire des relations».