Robert Gervais a plus d'un million d'amis. Ou plutôt, de contacts professionnels. PDG d'une entreprise, M. Gervais est membre de LinkedIn, un site internet qui permet d'agrandir son réseau d'affaires. Regard sur une tendance qui a le vent dans les voiles: le réseautage social.

Robert Gervais a plus d'un million d'amis. Ou plutôt, de contacts professionnels. PDG d'une entreprise, M. Gervais est membre de LinkedIn, un site internet qui permet d'agrandir son réseau d'affaires. Regard sur une tendance qui a le vent dans les voiles: le réseautage social.

Semblable à Facebook, mais destiné aux gens d'affaires, LinkedIn sert à se créer des contacts, trouver un emploi ou dénicher de nouveaux clients. Les employeurs l'utilisent aussi pour faire du recrutement sans passer d'annonces.

Sur LinkedIn, il y a trois degrés de contacts: vos amis, les amis de vos amis et... leurs amis. Le nombre de connexions augmente donc à un rythme exponentiel. Par exemple, Robert Gervais, PDG de l'entreprise ZEROFAIL, a 160 amis. En incluant les amis de ses amis, l'homme d'affaires compte 19 200 contacts. Et si on englobe les amis des amis de ses amis, il atteint la somme astronomique de... 1 494 800 contacts. Un nombre important de gens avec qui il entretient un lien direct ou indirect.

Le gros avantage avec LinkedIn est de pouvoir rencontrer de nouvelles personnes, recommandées par des gens en qui on a confiance. Les employeurs peuvent afficher des offres d'emploi et trouver des candidats potentiels. Ceux qui cherchent un travail peuvent consulter le profil des employeurs et découvrir qui, dans leurs contacts, peut les introduire. «LinkedIn est vraiment conçu pour présenter des gens à des gens», résume Robert Gervais.

Les utilisateurs détaillent leur parcours dans leur profil, en indiquant leur expérience de travail - actuelle et passée - et leur éducation, à la manière d'un curriculum vitae virtuel. Depuis peu, les images sont permises. Mais attention, pas question d'ajouter un album de famille comme dans Facebook. Une seule photo peut être annexée au profil, montrant seulement le haut du corps de préférence.

Surtout connu en Amérique du Nord, notamment aux États-Unis, LinkedIn a aussi de nombreux adeptes au Royaume-Uni. Mais il n'est pas seul sur le marché des sites de réseautage professionnel. Les Français ne jurent que par Viadeo (deux millions d'utilisateurs) et les Allemands, par XING (plus de quatre millions d'inscrits). Et de plus en plus, le grand compétiteur de LinkedIn est Facebook.

Plusieurs employeurs recrutent du personnel directement sur Facebook, car ils en apprennent davantage sur la vie de leurs futurs employés. Même chose au niveau des clients.

«LinkedIn, c'est très bien pour les affaires. Cependant, de savoir qu'un de mes clients a vu tel film, par exemple, me permet d'élargir la discussion sur des choses plus personnelles», explique Michel Leblanc, spécialiste en marketing internet et auteur d'un blogue.

D'autres préfèrent justement le côté plus «corporatif» de LinkedIn. «Pour moi, LinkedIn est un outil de travail et Facebook, un outil social», précise Robert Gervais.

La petite histoire de LinkedIn

L'entreprise dont le siège social est situé en Californie existe depuis près de cinq ans, mais n'est rentable que depuis mars 2006.

L'homme derrière LinkedIn est Reid Hoffman, l'ancien vice-président de PayPal, une solution de paiement par internet vendue à eBay en 2002.

Récemment, le site britannique TechCrunch faisait état de rumeurs concernant la vente éventuelle de LinkedIn pour la rondelette somme d'un milliard de dollars. L'acheteur serait le magnat de la presse Robert Murdoch, propriétaire du groupe de médias News Corp. Notons que News Corp, qui possède entre autres le Wall Street Journal et le réseau de télé Fox, a acquis en 2005 le plus grand réseau social au monde, MySpace, pour 280 millions.

Hoffman s'est borné à confirmer que les rumeurs existaient, refusant d'émettre tout autre commentaire. Toutefois, quelques jours plus tard, une source «familière avec l'affaire», citée par l'agence Reuters, a démenti les rumeurs.

De toute façon, Hoffman ne semble pas prêt à céder les rênes de son entreprise. Pas tout de suite. «Je ferais de LinkedIn une compagnie publique, mais pas avant que nous ayons fini d'innover, a-t-il déclaré en entrevue au Daily Telegraph. Je trouve que les sociétés sont plus innovatrices quand elles sont privées.»

En décembre, LinkedIn comptait plus de 17 millions d'utilisateurs dans le monde, répartis dans 150 industries. Aux États-Unis, chaque entreprise du Fortune 500 - les 500 compagnies américaines au chiffre d'affaires le plus impressionnant - a une présence sur le site.

«Beaucoup de postes de haute direction se trouvent maintenant par LinkedIn aux États-Unis, dit Michel Leblanc. C'est un méga outil de réseautage.»

D'ailleurs, selon Nielsen Online, qui analyse le trafic internet, LinkedIn est le réseau social qui a connu la croissance la plus spectaculaire au cours de la dernière année. L'expansion de LinkedIn a fait un bond de 189% en un an, déclassant MySpace (19%) et Facebook (125%). Le site www.linkedin.com a aussi remporté, en mai dernier, un prix dans la catégorie «Réseautage social» aux XIe Webby Awards, l'équivalent des Oscars pour l'internet.

D'ailleurs, tous les réseaux sociaux sont en vogue par les temps qui courent. «En 2007, il va y avoir une croissance de 120% des applications de réseaux sociaux», affirme Michel Leblanc, en se basant sur des données de l'institut IDC. Cette progression devrait se poursuivre pendant trois autres années, avant de ralentir, prévoit également IDC.

Les sites de réseautage font partie du web 2.0, la deuxième génération internet, où le contenu de la Toile est nourri par l'utilisateur. Les blogues et des sites comme Wikipédia, YouTube, MySpace, Facebook ou LinkedIn en font partie.

La popularité des réseaux sociaux est même en train de faire revivre la théorie des six degrés de séparation de l'Américain Stanley Milgram, comme quoi tout individu sur Terre est relié à un autre par une chaîne d'au plus six maillons. C'est la renaissance de cette idée version 2.0.