Megan Meier n'aura jamais su pourquoi son beau correspondant s'est mis à la détester du jour au lendemain. La jeune fille du Missouri s'est enlevé la vie à cause d'un leurre. Elle avait le coeur brisé par quelqu'un qui n'a jamais existé.

Megan Meier n'aura jamais su pourquoi son beau correspondant s'est mis à la détester du jour au lendemain. La jeune fille du Missouri s'est enlevé la vie à cause d'un leurre. Elle avait le coeur brisé par quelqu'un qui n'a jamais existé.

Sur le site de réseautage MySpace, l'adolescente était tombée amoureuse d'un dénommé Josh Evans. Pendant des semaines, il l'avait bombardé de compliments et de messages gentils. Mais soudainement, Josh s'est mis à la traiter de pute. C'est du moins ce que Megan pensait quand elle s'est pendue dans son placard, trois semaines avant d'avoir 14 ans. Pour elle, c'était la fin du monde. Elle s'était toujours trouvée laide et grosse. Enfin, un garçon lui disait qu'elle était belle.

Mais il s'est avéré que Josh était un garçon virtuel. Ses propos haineux venaient de la mère d'une fillette avec qui Megan s'était querellée.

Dans la foulée de la mort tragique de la jeune adolescente - survenu en octobre 2006 - sa municipalité, Dardenne Prairie, a adopté une loi pour condamner la cyberintimidation.

Même au Québec, des histoires tordues de la sorte surviennent. Il est arrivé à Caroline*, une élève de la polyvalente Père-Marquette, d'être victime des propos haineux de la mère de son amie Nikita. Les deux jeunes filles avaient le béguin pour le même garçon. La mère de Nikita s'était connectée au site de réseautage Piczo (semblable à Facebook) avec le pseudonyme de sa fille. «Elle m'a traitée de pétasse. Elle était jalouse car je pogne plus que sa fille, affirme Caroline. Elle a 28 ans, elle veut être cool. Elle nous a déjà donné de l'alcool et du pot.»

Des adultes tout aussi insouciants

Même les adultes mesurent mal les conséquences de leurs actes sur l'internet, souligne Benoît Gagnon, spécialiste de la sécurité cybernétique à la chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM. Ils ouvrent des comptes Facebook en mettant des photos et une foule de renseignements personnels sur leur profil. «Les données qui entrent dans le cyberespace ne disparaissent jamais. Ça va devenir un problème de plus en plus important pour certaines personnes. Il y a des compagnies qui sont spécialisées dans la recherche d'informations sur l'internet.»

«Si vous êtes un bon technicien, il y a possibilité de cacher vos actes, ajoute-t-il. Mais pour la plupart des gens, non.»

En octobre dernier, Ottawa a ordonné une enquête sur la beuverie qu'avaient tenue de futurs douaniers. Sur des images mises en ligne sur Facebook, non seulement ceux-ci étaient saouls, mais ils tenaient des propos inquiétants sur les armes à feu et des commentaires racistes sur les Québécois. L'un d'eux, en poste en Victoria, décrivait le Québec comme le «pays de la poutine, des grenouilles (frogs) et des salauds francophones (fucking French bastards)».

«Oui, il y a un anonymat sur l'internet. Mais cet anonymat est relatif», conclut Benoît Gagnon.

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