Le Canada remporte la palme des pays «accros» au populaire site de socialisation Facebook, avec un citoyen sur quatre y multipliant les «amis», une nouvelle façon de rapprocher la population dans cette vaste contrée friande de nouvelles technologies.

Le Canada remporte la palme des pays «accros» au populaire site de socialisation Facebook, avec un citoyen sur quatre y multipliant les «amis», une nouvelle façon de rapprocher la population dans cette vaste contrée friande de nouvelles technologies.

Le Canada est le deuxième pays au monde comptant le plus de membres de Facebook, derrière les États-Unis, mais devant le Royaume-Uni et la France, selon les données officielles du site américain.

Des quelque 60 millions d'usagers de Facebook à travers le monde, près de huit millions sont établis au Canada, ce qui représente un peu moins du quart de la population, un taux largement supérieur à celui des États-Unis.

«Les Canadiens ont une plus grande affinité (que les autres) avec Facebook», estime Greg Elmer, directeur du laboratoire de recherche sur l'impact culturel des technologies de l'information (infoscape lab) à l'université Ryerson de Toronto.

Né début 2004 aux États-Unis, Facebook est le deuxième site de socialisation le plus populaire du monde, derrière son rival MySpace qui compte plus de 100 millions de membres.

«Facebook consiste à retrouver vos amis alors qu'un site comme MySpace vise à se présenter soi-même aux autres (...) La communication et la socialisation en ligne me semblent plus canadiennes que l'autopromotion du soi à laquelle les jeunes Américains sont éduqués», explique-t-il à l'AFP.

La métropole canadienne Toronto se targuait en mai d'être la capitale mondiale de Facebook en nombre absolu d'utilisateurs, un titre perdu depuis au profit de Londres. Mais la capitale britannique compte le double de la population de Toronto.

La popularité de Facebook à Toronto s'explique par la présence d'universités, sa géographie étendue (passer de la banlieue au centre-ville peut y prendre des heures), sa culture financière (première place financière au Canada) et sa diversité ethnique, résume M. Elmer.

Selon les données du recensement canadien, près de la moitié des cinq millions d'habitants de la région de Toronto sont des «immigrants». Et nombre d'entre eux utilisent des sites de socialisation pour maintenir le contact à l'étranger ou en développer sur place, estiment les chercheurs.

Devant l'engouement suscité par Facebook, les autorités de la province d'Ontario, la plus peuplée au Canada et dont Toronto est la capitale, ont bloqué depuis mai l'accès au site aux employés gouvernementaux pendant les heures de travail.

«Est-il approprié de passer son temps sur un tel site?», s'interrogeait alors le ministre des «services gouvernementaux» de la province, Gerry Phillips, promu depuis à l'Énergie.

Si plusieurs employés gouvernementaux au Canada se voient refuser l'accès à Facebook, les politiques, eux, y multiplient les amitiés. Le Premier ministre canadien Stephen Harper compte 6800 supporters, dépassé par les leaders de l'opposition, le libéral Stéphane Dion (10 500), et du Parti néo-démocrate, Jack Layton (8600).

Plusieurs commentateurs et experts s'interrogent sur la notion «d'amitié» véhiculée par Facebook, un terme générique décrivant chaque relation d'un individu à un autre qui gommerait les différents types de relations (famille, travail, connaissance, etc.) et tronquerait le sens profond de l'amitié.

«Si Facebook est le principal outil utilisé par vos amis pour communiquer entre eux et que vous n'en êtes pas membres vous pouvez être exclu socialement», remarque Phillip Jeffrey, étudiant à l'Université de Colombie-Britannique (ouest) qui planifie d'écrire sa thèse de doctorat sur ce site de socialisation.

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