Au lieu d'attendre que son scénario s'englue dans les demandes de financement, Benoît Roberge a créé des capsules humoristiques sur Internet avec les bourdes de son double. Apparemment, c'était une bonne idée.

Au lieu d'attendre que son scénario s'englue dans les demandes de financement, Benoît Roberge a créé des capsules humoristiques sur Internet avec les bourdes de son double. Apparemment, c'était une bonne idée.

Le Cas Roberge sera tourné en mars et le film réalisé par la recrue Raphaël Malo devrait prendre l'affiche en août. Nicole Robert (Go Films), la productrice des Invasions barbares et d'Horloge biologique, s'était montrée intéressée il y a deux ans par l'histoire de cet angoissé irrévérencieux, impulsif et maladroit avec les femmes qui veut percer dans le show-business.

Mais le projet était resté sur des tablettes pour des raisons de financement, explique Benoît Roberge. Jusqu'à ce que, voyant le succès des capsules sur Internet, Go Films décide de produire le film au coût de 1,2 million $ avec l'appui de Super Écran et sans la participation de Téléfilm Canada.

En ligne depuis le 28 juin, les capsules humoristiques conçues et interprétées par Benoît Roberge, Jean-Michel Dufaux et Stéphane E.Roy ont reçu près de 700 000 visites. Les internautes ont entre autres craqué pour le «grainage» de Marie Plourde, le rencart de Roberge avec une fille qui ne sait répondre que par «ouin» et par la soirée naturiste entre gars.

Un contrat de film en poche, Benoît Roberge estime que les capsules ont «clairement ouvert des portes, parce que là les gens voyaient concrètement». Les internautes ont d'ailleurs été nombreux à témoigner leur appréciation. «Certains ont écrit : «C'est un loser, mais il est sympathique et il nous fait sourire», relate l'intéressé. «Moi, je ne le vois pas comme un looser, précise-t-il, mais c'est vrai que souvent il perd; il n'a pas de filtre, il dit tout ce qu'il pense.»

D'autres ont écrit : «Ça me fait du bien de voir qu'il y en a un pire que moi. Roberge, il souffre à notre place. Roberge, il fait des niaiseries qu'on aurait le goût de faire.» Benoît Roberge et ses coauteurs misent sur «l'humour par malaise» à la Seinfeld. «On se met dans le trouble, et on essaie de s'en sortir», explique Roberge, qui a grandi à L'Ancienne-Lorette.

Comme il partage le nom, le parcours et l'étourdissante volubilité de son personnage, difficile de prendre Le Cas Roberge pour une fiction. «Des fois, dit-il, je triche un peu et je dis qu'il ne me ressemble pas. Mais c'est dur d'écrire sur ce qu'on ne connaît pas. Le Cas Roberge, c'est comme moi fois 10. C'est vraiment à la loupe.»

Dans la vie comme à l'écran, Benoît Roberge collectionne les boulots de chroniqueur. Ces dernières années, par exemple, on l'a vu aux Choix de Sophie, à L'île de Gillidor, à Fun noir et à Merci bonsoir. Il a aussi été scripteur à Loft Story et il est maintenant scénariste et réalisateur à Frank versus Girard à Vrak. TV. Mais beaucoup se souviennent de lui pour ses émissions de voyage déjantées à Canal Évasion avec Jean-Michel Dufaux.

Le scénario du Cas Roberge s'inspire de ces tribulations de chroniqueur. «On avait vraiment besoin d'exorciser ça; moi, j'en pouvais plus (...), dit Benoît Roberge. On est parti un peu de ce personnage-là qui était tanné et qui voulait monter les échelons, qui voulait une reconnaissance publique. Mais sans trop travailler.»