Il suffit de taper les mots «video» et «amateur» sur YouTube pour voir tomber sur l'écran des centaines de vidéos. Depuis quelques semaines, ce sont les clips amateurs de la chanson Grace Kelly, de Mika, qui ont la cote.

Il suffit de taper les mots «video» et «amateur» sur YouTube pour voir tomber sur l'écran des centaines de vidéos. Depuis quelques semaines, ce sont les clips amateurs de la chanson Grace Kelly, de Mika, qui ont la cote.

Plutôt que de se filmer eux-mêmes, certains vidéastes amateurs proposent de monter des images extraites de films sur la musique d'un artiste ou un groupe qui n'a rien à voir.

Ça peut donner Fast and Furious sur Say it right, de Nelly Furtado. Le montage des premières secondes se révèle assez pointu.

Créée il y a quelques mois, la vidéo inspirée de My body is a Cage d'Arcade Fire, montée par JT Hylmers, a connu un véritable succès sur le net. Et pour cause: l'hommage de JT au western spaghetti (Sergio Leone) se révèle une illustration fort pertinente pour l'univers musical des montréalais.

«J'ai écouté Neon Bible pendant quelques semaines, mais leur dernière chanson, My body is a Cage, m'a vraiment touché. Je suis un grand fan des Westerns spaghettis, et quand j'ai entendu le rythme lent de la mélodie, j'ai tout de suite pensé à ce duel dans un vieux film de Sergio Leone. Après y avoir pensé pendant quelques jours, j'ai décidé de faire quelque chose avec ça», explique le jeune homme de Chicago, âgé de 24 ans.

Pourquoi utiliser les images d'un film? «Parce que je n'ai pas les moyens de les faire moi-même, regrette le jeune homme. Si j'en avais eu les moyens, j'aurais sans doute filmé tout ça moi-même...mais ça n'aurait sans doute rien donné d'aussi bon.»

La raison du succès, croit JT Hylmers, qui travaille comme designer graphiste, est simple: avec peu de moyens, peu de budgets, de jeunes artistes en herbe peuvent laisser libre court à leur créativité.

«La majeure partie des vidéos en ligne n'est pas de bonne qualité, mais ce sont les perles que l'on peut y trouver qui font l'intérêt de la chose.»

Quelques jours après nous avoir parlé, JT Hylmers a mis un nouveau clip en ligne : il s'agit cette fois de Radiohead sur une vidéo de Microcosmos.

Prends de la musique et filme-toi

Il n'y a pas que les aspirants réalisateurs qui trouvent leur bonheur avec des vidéos clips amateurs. Les clips sont aussi une façon facile de se mettre en scène, de jouer les rocks stars à moindre frais (et sans savoir chanter).

Sur le site communautaire Vimeo, on peut découvrir la trentaine de clips de Davey, intitulée Davey Dance. Née lors d'un voyage en Europe, l'idée derrière ces vidéoclips est plutôt simple. Dave pose dans un lieu publique une caméra Canon Powershot, et se filme, en un seul plan, en train de danser sur une chanson pop, le casque de son iPod vissé sur les oreilles.

Résultat : de Versailles à Rome en passant par le métro new-yorkais, le Kentucky ou encore Times Square, les vidéos montrent le jeune homme, seul ou acccompagné, se payer une franche partie de rigolade sur Otis Redding, Muse, Interpol ou les Beastie Boys : c'est presque aussi beau qu'une pub pour les iPod.

Prends de la musique et filme tes collègues du bureau

Enfin, l'une des grandes sensations de l'heure du côté des clips amateurs, c'est le «lip dub» au bureau, sorte de karaoké en playback tourné entre collègues de travail. La tendance, née d'un clip tourné dans une boite de communication basée dans le New Jersey, Connected Ventures.

En un seul plan, on peut voir une vingtaine de jeunes gens branchés chanter (en playback) sur Flagpole Sitta de Harvey Danger. En moins de quelques jours, la vidéo, postée sur Viméo, a été vue plus d'un million de fois.

«J'ai été surprise de ce succès. Je n'aurais jamais pensé que les choses prendraient autant d'ampleur. Je pensais que seuls les utilisateurs de Viméo et des amis de la compagnie regarderaient ça», explique Amanda Lyn Ferri, 24 ans, l'une des initiatrices de ce Lip Dub.

Sur la toile, les «lip dub» se répandent, surtout dans les boites de communication. Le lip dub de Connected Ventures improvisé en quelques minutes, a fait des petits à travers la planète: à Singapour, où des étudiants de Polytechnique dansent sur Rihanna, et aussi à Paris.

«On se rend compte qu'on peut communiquer avec cette vidéo, les gens qui l'ont vue, explique Céline Samzun, de l'agence de relations publiques Rumeur publique, et participante au lip dub Louxor J'adore. C'est une bonne idée pour resserrer les liens entre nous.»

Chez Connected Ventures comme chez Rumeur Publique, on n'exclut pas l'idée de remettre ça dans les prochains mois. Surtout si, comme le croit Amanda Lyn Ferri, «tout le monde veut être une rock star».

«Je crois que le lip dub peut vous permettre de rendre hommage à des chansons que vous aimeriez avoir joué ou composé», conclut la jeune femme.