Le campus du géant de l'internet Google est devenu un passage quasi obligé pour les candidats à l'investiture de 2008, cinq d'entre eux s'étant déjà prêtés aux questions des employés de ce symbole de la réussite technologique des États-Unis.

Le campus du géant de l'internet Google est devenu un passage quasi obligé pour les candidats à l'investiture de 2008, cinq d'entre eux s'étant déjà prêtés aux questions des employés de ce symbole de la réussite technologique des États-Unis.

Lors de forums dans l'auditorium du «Googleplex» de Mountain View dans la Silicon Valley, épicentre de la révolution internet au sud de San Francisco, ces candidats ont dû préciser leurs projets sur la recherche, mais aussi sur l'immigration et même les prêts étudiants.

Se lançant dans l'activisme politique après avoir pris le pouvoir sur le Réseau, Google a invité tous les candidats à l'investiture pour l'élection de novembre 2008 à venir à son siège pour ce que le PDG de l'entreprise, Eric Schmidt, a qualifié d'«entretien d'embauche face aux Américains».

Ces visites sont retransmises via la filiale de Google spécialisée dans la vidéo en ligne, YouTube, sans coupures ni censure, et peuvent ainsi être vus par des dizaines de millions d'électeurs potentiels.

«Cela fait des années que nous invitons des orateurs de premier plan sur notre campus», explique à l'AFP Adam Kovacevich, porte-parole de Google. Ces débats "constituent simplement un développement" de cette politique, souligne-t-il.

Fidèle à la réputation décontractée de l'entreprise, l'ambiance de ces forums est moins compassée que lors de réunions publiques classiques: les employés peuvent venir en sandales et en short et jouer au volley-ball ou au football en attendant que le candidat commence à s'exprimer.

Mais les questions qui fâchent ne sont pas pour autant éludées. Le républicain John McCain, héros du Vietnam, en a fait l'expérience quand il a été mis sur le gril en mai sur sa position quant à la présence d'homosexuels dans l'armée.

Le démocrate John Edwards a quant à lui trébuché sur une question à propos du commerce électronique avec la Chine, tandis que le républicain Ron Paul s'est heurté à un silence de plomb en réaction à son rejet de la notion de réchauffement climatique.

Les politiques tentent évidemment d'amadouer un public vu comme un puissant relais d'opinion. Hillary Clinton a salué en Google lors de sa visite en février «le meilleur endroit où travailler aux États-Unis». M. McCain a qualifié l'entreprise d'«avenir de ce pays».

Google s'est davantage impliqué en politique le mois dernier en lançant un bloc-notes en ligne («blogue») consacré aux opinions de la société sur les questions de politique publique.

«Google a découvert que de plus en plus de questions politiques avaient des conséquences sur nos usagers, et nous n'avons pas d'autre choix que de participer à ces débats», affirme M. Kovacevich: «nous voulons influencer la politique en toute transparence, ce que peu d'entreprises font à part nous».

Parmi les idées défendues par Google, celle de la «neutralité du réseau». L'entreprise refuse que des fournisseurs d'accès à l'internet soient autorisées à contrôler le contenu vu en ligne par les utilisateurs en décidant quelles informations ils reçoivent en premier et le plus rapidement.

À l'automne 2006, Google a même fondé un groupe d'influence dédié à un «internet complet et gratuit», qui donnera sa bénédiction aux candidats en accord avec cette idée. Google, qui emploie 12 000 personnes dans le monde, réclame aussi de Washington une autorisation d'entrée dans le pays pour davantage de travailleurs qualifiés.

Pour l'instant, aucun autre candidat n'est prévu chez Google, selon M. Kovacevich, «mais les employés de Google sont très intéressés par ce que les candidats ont à dire, et nous sommes flattés que tant d'entre eux soient déjà venus».