Alors que se multiplient les crimes utilisant les nouvelles technologies informatiques, la police canadienne a décidé de se tourner elle aussi vers internet, en tentant de recruter des officiers sur l'univers virtuel Second Life.

Alors que se multiplient les crimes utilisant les nouvelles technologies informatiques, la police canadienne a décidé de se tourner elle aussi vers internet, en tentant de recruter des officiers sur l'univers virtuel Second Life.

«Nous n'essayons pas de créer un commissariat ou de mener des enquêtes sur Second Life», explique l'inspecteur Kevin McQuiggin, chef de l'unité des crimes technologiques de la police de Vancouver et instigateur de l'expérience.

«Mais le travail de la police doit refléter la société et, avec la technologie qui se répand de plus en plus dans la société, nous devons nous assurer que les officiers que nous recrutons sont à l'aise avec ça», indique-t-il dans un entretien téléphonique avec l'AFP.

«Quelqu'un que nous rencontrons en ligne, du simple fait qu'il se trouve sur Second Life, doit être particulièrement intéressé et à l'aise avec la technologie de pointe. Il pourrait faire un excellent candidat» pour la police moderne, poursuit M. McQuiggin.

Signe des temps, l'unité de l'inspecteur McQuiggin est de plus en plus sollicitée: l'année dernière, elle a été appelée à la rescousse dans 18 cas d'homicides sur les 19 que la police de Vancouver a été chargée d'élucider.

Elle vient de se lancer dans l'aventure de Second Life en créant ses propres personnages virtuels sur le site, et y a tenu une première session de recrutement en juin. Une deuxième est prévue d'ici la fin de l'année, selon M. McQuiggin.

Second Life, univers en trois dimensions où chacun peut évoluer en se dotant d'un avatar (ou personnage virtuel), a été créé en 2003 par Lindon Lab et est actuellement visité par plus de huit millions d'internautes à travers le monde.

La session tenue en juin par les policiers de Vancouver ressemblait par beaucoup d'aspect à une réunion de la vie réelle, avec l'explication du processus de sélection et la description des emplois disponibles. A une exception près: la trentaine de candidats présents étaient des avatars coiffés comme l'as de pique, affublés d'ailes ou vêtus d'accoutrements de mercenaires.

Mais l'inspecteur ne s'en émeut pas outre mesure, reconnaissant bien volontiers que «les avatars ne sont que l'expression de votre individualité en ligne».

Les grandes entreprises se tournent de plus en plus souvent vers le recrutement en ligne, par le biais de communautés virtuelles. En mai, l'agence de communication TMP Worldwide a tenu son premier forum virtuel de recrutement, attirant des centaines de candidatures. Hewlett-Packard, Verizon Communications et Microsoft sont également déjà engagés sur cette voie.

Selon l'inspecteur McQuiggin, la police de Vancouver a reçu, après sa première session d'information sur Second Life, trois candidatures sérieuses, séduisant même au-delà des frontières nationales.

«Un Italien qui s'apprêtait à venir en vacances au Canada va venir nous rencontrer la semaine prochaine» pour un véritable entretien d'embauche, que le recrutement en ligne ne saurait remplacer, précise M. McQuiggin.