L'institut gérant la collection d'art des Pays-Bas (ICN) met aux enchères sur internet depuis cette semaine ses surplus --un millier de tableaux, sculptures, meubles et bijoux, tapis et autres objets-- avant une dispersion plus classique des plus beaux lots en octobre.

L'institut gérant la collection d'art des Pays-Bas (ICN) met aux enchères sur internet depuis cette semaine ses surplus --un millier de tableaux, sculptures, meubles et bijoux, tapis et autres objets-- avant une dispersion plus classique des plus beaux lots en octobre.

«C'est la première vente d'une telle ampleur», dit à l'AFP Marina Raymakers, porte-parole de l'ICN, l'équivalent du Mobilier national en France.

Cinq musées sont associés à l'initiative, qui n'a pas fait que des heureux du côté des artistes encore vivants.

«On m'appelait le Picasso d'Amsterdam, je ne produisais pas des croûtes», a expliqué dans le quotidien NRC Next le peintre Robert Kruzdlo. Son «Angoisse et impuissance face à la troisième guerre mondiale» a pourtant été jugée «sans valeur artistique et historique» pour l'ICN et mis aux enchères.

Dans le même journal, son confrère Willem Oorebeek voyait d'un bon oeil la mise en vente de ses oeuvres. «Ce n'est pas une perte mais plutôt une renaissance, une redécouverte de mon travail», dit-il.

Un millier de lots, à raison de 50 par semaine, sera placé sur le site d'enchères en ligne eBay. La maison de ventes Venduehuis à La Haye en proposera plus de 300 en octobre, lors d'une vente classique qui clôturera l'opération.

«C'est une expérience dont nous voulons tirer les enseignements pour l'avenir», précise la porte-parole, selon qui près de 3000 autres objets pourraient suivre le même chemin.

En tout, près de 100 000 oeuvres sont placées sous la responsabilité de l'ICN. Quand elles n'ornent pas les murs des musées, des ministères ou des ambassades néerlandaises, elles dorment dans les dépôts.

Mais «la conservation est onéreuse. Il y a les bâtiments à entretenir, la climatisation, la sécurité, le transport, l'enregistrement, la documentation...», explique Mme Raymakers.

D'où la volonté de l'ICN d'alléger ses stocks d'objets qui n'y ont plus leur place.

«Il s'agit d'oeuvres qui n'ont pas été exposées depuis cent ans, ou qui ne correspondent pas à la politique d'accrochage des musées», indique la porte-parole.

«Une grande partie des oeuvres vient d'un système de subventions dont les artistes néerlandais ont bénéficié jusque dans les années 1980. En échange d'une allocation qui leur permettait de vivre, ils étaient tenus de produire un certain nombre d'oeuvres et de les céder à l'Etat», poursuit Mme Raymakers.

Avant de se retrouver sur eBay, chaque oeuvre à suivi un trajet long et compliqué.

«Chaque objet est analysé par des historiens de l'art et des conservateurs sur sa valeur artistique, historique. On étudie le travail de l'artiste. On se pose la question de l'avenir: peut-être une oeuvre n'est-elle pas importante aujourd'hui, mais pourrait le devenir...», explique Mme Raymakers.

Lorsqu'elle n'est pas retenue dans la collection, elle se retrouve sur une banque de donnée. Si au bout de trois mois aucun musée ne la réclame, elle est destinée à la vente.

Parmi les plus de 1300 objets cédés par l'ICN, la maison de ventes Venduehuis en a sélectionné plus de 300.

«Il y a beaucoup de meubles anciens hollandais. Nous pensons que les collectionneurs doivent pouvoir juger leur qualité, ce que ne permet pas internet», a expliqué à l'AFP l'expert Cuno van der Feltz.

Ils seront dispersés le 23 octobre, avec les éventuels invendus d'eBay.

Ce site a été choisi parce qu'il atteint un public le plus large possible et permet la mise en vente à des prix que ne font pas les maisons d'enchères, explique Mme Raymakers.

Les bénéfices n'ont pas d'importance, dit-elle. «Ce qui compte c'est de trouver une place à ces oeuvres».