Depuis un cyber-café parisien, le premier salon de recrutement sur Second Life en France bat son plein: près d'une trentaine de recruteurs de cinq grandes entreprises dialoguent dans cet univers virtuel en trois dimensions avec des «avatars» à la recherche d'un emploi.

Depuis un cyber-café parisien, le premier salon de recrutement sur Second Life en France bat son plein: près d'une trentaine de recruteurs de cinq grandes entreprises dialoguent dans cet univers virtuel en trois dimensions avec des «avatars» à la recherche d'un emploi.

Près de 700 candidats, pré-sélectionnés par TMPNeo, organisateur du salon, doivent se succéder entre mardi et jeudi pour passer au total un millier d'entretiens avec Alstom, Areva, CapGemini, L'Oréal ou Unilog. Pour participer il faut au préalable avoir créé son avatar, ou personnage virtuel, sur secondlife.com. Pour le postulant, l'entretien, sur rendez-vous, peut se faire depuis n'importe quel ordinateur, au domicile ou ailleurs. Il prend la forme d'un «chat» avec un avatar recruteur.

Mais en dépit de l'apparence ludique de Second Life, l'ambiance n'est pas vraiment au jeu. Les candidats ont généralement l'espoir que cette prise de contact virtuelle sera suivie d'une rencontre en face-à-face et débouchera peut-être sur un job bien réel.

Et les recruteurs mènent les entretiens très sérieusement. «Ce n'est pas un gadget. Nous cherchons à être efficaces», explique à l'AFP Nicolas Jacqmin, chargé de la gestion des cadres et des compétences chez Alstom (énergie, transports).

Pour son entretien mercredi soir avec le groupe de cosmétiques L'Oréal, Romain, alias Rickom Voom, s'est offert un costume cravate virtuel. «C'est pas cher -moins d'un euro- et c'est classe», a-t-il indiqué à l'AFP la veille de son passage.

Tout frais émoulu d'une école de communication, ce garçon de 22 ans va «essayer de ne pas faire trop de fautes d'orthographe». «Je sais très bien que je ne vais pas signer un contrat à la fin de ces 20 minutes sur Second Life. Mais j'espère que cela aboutira à un deuxième entretien» dans la Real Life, souligne-t-il.

L'avatar Levert Hird, bac + 8, biologiste de formation, aimerait bien lui aussi entrer chez L'Oréal. Il est en plein entretien avec François Garreau, responsable communication pour les ressources humaines de la Recherche du groupe.

«Que pensez-vous de L'Oréal?», lui demande le recruteur. «J'ai une image plutôt positive malgré vos tests effectués sur les animaux», répond le barbu à la cravate jaune. La gaffe. «Attitude agressive», note aussitôt sur son carnet M. Garreau avant de répondre à l'avatar impertinent que «cela fait plus de 25 ans que L'Oréal ne fait plus de tests sur les animaux». «Je n'ai pas eu le temps de préparer la rencontre», répond, penaud, Levert Hird. Mais c'est cuit pour lui. «Quand on se présente à un employeur, il faut se renseigner au minimum sur lui», fait valoir à l'AFP le recruteur.

Franck Herry, directeur du recrutement pour le pôle transmission et distribution d'Areva (nucléaire), a repéré un candidat ouvert sur l'international. «Ton profil peut nous intéresser», écrit-il à l'avatar Sikifon Allen, en passant sans le vouloir au tutoiement. «C'est Second Life qui veut ça», constate-t-il. Le candidat lui s'en tient sagement au vouvoiement.

L'avatar Gautier Raymaker, tout vêtu de noir, a fait un sans-faute auprès d'Alstom. Un diplôme d'ingénieur en poche, il est déjà en contact avec d'autres entreprises mais se dit «très intéressé par Alstom». «Il serait bien qu'on se rencontre dans nos bureaux», lui écrit Nicolas Jacqmin, alias Levy Yalin, en lui demandant son nom dans la vraie vie et ses coordonnées.

Créé en 2003 par la société californienne Linden Lab, Second Life connaît un succès croissant. Il revendique 7 millions de résidents dont 1,7 million se sont connectés au cours des deux derniers mois.