La Commission scolaire Marie-Victorin a tranché. Les questionnaires des années antérieures ne serviront plus jamais d'épreuve finale pour ses élèves. Le but: éviter que le corrigé se retrouve sur l'Internet avant le jour du test.

La Commission scolaire Marie-Victorin a tranché. Les questionnaires des années antérieures ne serviront plus jamais d'épreuve finale pour ses élèves. Le but: éviter que le corrigé se retrouve sur l'Internet avant le jour du test.

«Ces examens ne serviront à présent que pour la préparation», a déclaré hier Jocelyne Alarie, porte-parole de cette commission scolaire de la Rive-Sud de Montréal.

La direction a pris cette décision après avoir été ébranlée par une histoire de tricherie. Elle a dû annuler une épreuve de français distribuée à près de 2000 élèves de cinquième secondaire. Le corrigé de l'examen, qui était en fait une épreuve de pratique du ministère de l'Éducation de 2006, avait circulé sur la Toile avant le jour de l'examen.

La décision de la commission scolaire évitera sans doute que ce genre d'histoire se répète. Mais elle ne réglera en rien le fléau de la tricherie sur l'Internet, selon Pierre Bélanger, professeur en technologie émergente à l'Université d'Ottawa. «Ce n'est pas la première fois que ça arrive, et ce n'est certainement pas la dernière», lance-t-il d'emblée.

De l'iPod au plagiat

Les jeunes du secondaire ont plus d'un tour dans leur sac pour tricher. «Le plagiat a toujours existé, constate M. Bélanger. Mais les nouvelles technologies facilitent grandement la diffusion des contenus.» Et les élèves savent en tirer profit.

Pendant les examens, d'abord. «La mode, c'est de mettre des réponses sur les baladeurs numériques en enregistrant sa voix», note Bruno Guglielminetti, chroniqueur nouvelles technologies à la Première Chaîne de Radio-Canada. Les jeunes mettent aussi des réponses clés sur leur cellulaire entre les titres de chansons, selon le spécialiste des nouvelles tendances.

Pour la rédaction des travaux, ensuite. La Toile fourmille de sites qui permettent de partager le contenu du bureau et d'acheter des textes sur différents sujets. Même en français. «Une petite recherche dans Google permet d'en repérer plusieurs», souligne M. Guglielminetti.

Le phénomène est trop souvent toléré par les professeurs, déplore M. Bélanger.

«Cette génération est habituée à consommer de la musique gratuitement, à voir des films sur YouTube gratuitement, et à copier-coller sans se faire réprimander», dit-il. Ces élèves «frapperont un mur à l'université», selon le professeur. Les sanctions liées au plagiat dans les établissements postsecondaires vont de l'échec pour le travail à l'exclusion immédiate à vie.

Combattre le web par le web

Le plagiat sur l'Internet est déjà un phénomène répandu dans les universités canadiennes. Le nombre de cas au pays a doublé au cours des cinq dernières années. Pas moins d'un étudiant sur deux avoue avoir déjà plagié dans un travail écrit, selon une étude publiée l'automne dernier dans le Canadian Journal for Higher Education.

Mais déceler ce fléau est possible. Et la solution du problème pourrait bien se trouver dans la source. Des nombreux systèmes de détection de plagiat sont disponibles sur l'Internet. Les outils de détection en ligne comme Turnitin permettent de comparer le travail aux contenus du web et des diverses revues spécialisés.

McGill est la seule université montréalaise qui en utilise. Et cela aurait un effet direct sur les mauvaises habitudes de ses étudiants, selon le professeur David Harpp.

«Le but n'est pas de trouver les tricheurs, souligne celui qui a mis au point un système de détection de plagiat pour les examens à choix multiples. Mais bien de décourager les étudiants de le faire.» Et ça marche. Le plagiat à McGill a chuté de 5% à près de 0% en 20 ans, selon M. Harpp.

Aussi:

Les réponses d'un examen sur le Web