On est porté à croire qu'internet est en train de tuer la télé et les journaux, et que la population s'informe désormais beaucoup par le Web.

On est porté à croire qu'internet est en train de tuer la télé et les journaux, et que la population s'informe désormais beaucoup par le Web.

Fausse perception, ou du moins hautement exagérée, révèle une enquête commandée par le Centre d'études sur les médias, qui va à contre-courant de la croyance populaire. « Les vieux médias résistent très fort et ne sont pas morts. On exagère toujours les effets à court terme des nouvelles technologies », affirme Florian Sauvageau, professeur au département d'information et de communication de l'Université Laval et directeur du Centre d'études.

Effectuée auprès de 485 personnes à la fin de 2006 et au début de 2007, l'étude démontre que c'est encore largement par la télévision que le public s'informe. Il y récolte même le tiers de l'information qu'il consomme, soit 34 %. Les quotidiens suivent avec 22,7 %, la radio avec 18,3 %, les hebdomadaires avec 9,4 % et les magazines avec 7,8 %. En réalité, seulement 6,7 % du temps passé à s'informer appartient à internet. « La télévision domine encore de façon outrancière », en conclut M. Sauvageau.

Six Québécois sur 10 résistent encore à l'information transmise par les nouveaux médias, que ce soient internet, le cellulaire ou le BlackBerry. « Ça ne veut pas dire que ces médias ne deviendront pas dominants, mais ça ne se fera pas du jour au lendemain », croit M. Sauvageau.

Réalisée avec la collaboration du Consortium canadien de recherche sur les médias, l'enquête demandait aussi à quoi s'intéressent le plus les sondés, parmi une liste de 19 sujets d'actualité. Ainsi, c'est largement à leur ville et à leur région qu'ils portent le plus d'intérêt. Suivent les sujets scientifiques et les découvertes, la météo, la politique québécoise, les faits divers et les accidents, ainsi que les artistes québécois et les spectacles. Les sujets qui arrivent derniers sont la mode et les tendances, l'automobile, les vedettes internationales, l'économie et la finance, de même que l'opinion de la population sur des sujets d'actualité.

Il s'agit d'une première enquête d'envergure sur le sujet, que le Centre d'études sur les médias souhaite répéter tous les deux ans, en vue d'observer l'évolution des comportements des consommateurs d'information.

Florian Sauvageau rappelle que dès 1986, on prédisait la fin des médias traditionnels, comme la télé et les grands quotidiens. On prévoyait aussi que les chaînes spécialisées allaient entraîner la mort de la télé généraliste. Il a pourtant fallu presque 20 ans avant d'observer une nette progression des spécialisées.

M. Sauvageau en conclut qu'on a eu tort d'annoncer aussi tôt la mort des journaux. « Les consommateurs forts, quand il y a une source nouvelle, ils l'utilisent, mais ça ne les empêche pas de continuer de consulter leur journal. Il n'y a pas de substitution. »

De façon générale, révèle aussi l'étude, plus on consomme de l'information, plus on le fait par les nouveaux médias et moins par la télé. Moins on en consomme, plus on se limite à la télé et aux journaux. L'étude se limitait aux comportements par rapport à l'information, et non aux émissions de divertissement.