L'école secondaire St. Thomas, de Pointe-Claire, a suspendu six élèves qui exploitaient un forum de discussion diffamatoire sur le site d'échange social FaceBook. Les écoliers y qualifiaient un enseignant de pédophile, affirmaient qu'un autre fantasmait sur ses élèves et soutenaient que deux enseignantes formaient un couple de lesbiennes.

L'école secondaire St. Thomas, de Pointe-Claire, a suspendu six élèves qui exploitaient un forum de discussion diffamatoire sur le site d'échange social FaceBook. Les écoliers y qualifiaient un enseignant de pédophile, affirmaient qu'un autre fantasmait sur ses élèves et soutenaient que deux enseignantes formaient un couple de lesbiennes.

Le forum de discussion, qui portait le nom de «St. Thomas Burn Book», invitait les élèves de toutes les choses à rapporter les «rumeurs, les potins et les faits embarrassants» au sujet des enseignants de l'école. Au total, une vingtaine d'enseignants ont été visés par leurs accusations gratuites.

Un avis exigeait des participants le silence le plus complet au sujet du forum. «Personne ne doit nous dénoncer, sinon... (No one better snitch, or else...)», pouvait-on lire.

Lorsqu'elle a eu vent de l'existence du «Burn Book», la direction de l'école a mandaté ses avocats pour qu'ils exigent son retrait auprès des administrateurs de FaceBook, un site d'échange social américain très populaire auprès des jeunes. «Entre-temps, le forum a été retiré par les élèves», affirme Nancy Hain, directrice adjointe des écoles secondaires à la commission scolaire Lester B. Pearson.

Après enquête, six des élèves ont écopé de deux à quatre jours de suspension. «À leur retour, ils ont dû rencontrer un spécialiste pour discuter de leur mauvais comportement sur internet», précise Mme Hain.

Mais le Syndicat des enseignants de Pearson fulmine. «Compte tenu de la gravité des propos qui ont été tenus sur ce site, nous exigeons que les élèves responsables soient déplacés dans une autre école. Certains des enseignants qui ont été visés n'arrivent plus à dormir. La seule idée de devoir confronter ces élèves à nouveau, pendant encore deux ou trois ans, les démolit», affirme Serge Laurendeau, président du syndicat.

Le syndicat réclame également la tenue d'une séance de sensibilisation auprès de l'ensemble des élèves au sujet de leurs droits et responsabilités sur la Toile.

Cette affaire n'est pas sans rappeler le cas de l'école Mont-Bleu, où un enseignant en colère filmé à son insu grâce à un téléphone cellulaire s'est retrouvé sur le site YouTube. Six mois après l'incident, l'enseignant, qui a fait une dépression, est toujours en arrêt de travail, affirme son syndicat.

Selon Pierre Trudel, spécialiste du droit des technologies de la communication à l'Université de Montréal, les sites d'échange social comme FaceBook et MySpace n'ont pas l'obligation au Québec de surveiller le contenu publié par leurs utilisateurs. «Ils ont par contre le devoir de retirer certaines informations lorsqu'ils sont informés de l'existence de contenus illicites.»

«Même si les usagers peuvent avoir l'impression que leurs conversations sur ces sites sont de nature privée parce qu'il faut être membre, cela ne les met pas à l'abri d'accusations au civil. Dès qu'une information fautive qui porte atteinte à la réputation d'un individu est transmise ne serait-ce qu'à une seule personne, on se trouve devant un litige potentiel», ajoute-t-il.

«Bien sûr, on peut entendre des moqueries aussi graves dans une cour d'école, ajoute l'expert. Mais là, le fait que les propos aient été écrits et diffusés leur donne un caractère persistant. L'impact est plus profond. Avec internet, les risques d'accidents sont toujours plus élevés qu'avec les modes de diffusion plus traditionnels.»

Pour consulter le blogue de notre journaliste:

https://blogues.technaute.com/peloquin