L'autre jour, Lee Drew, assis à son bureau d'Orem, dans l'Utah, discutait avec des cousins. Quatre se trouvaient en Angleterre, un en Australie, un autre en Afrique du Sud. Lee Drew est l'un de ces mordus de généalogie auxquels l'Internet a ouvert des horizons inimaginables du temps des archives papier et des microfilms. Il a ainsi retrouvé 1,7 million de parents dans le monde.

L'autre jour, Lee Drew, assis à son bureau d'Orem, dans l'Utah, discutait avec des cousins. Quatre se trouvaient en Angleterre, un en Australie, un autre en Afrique du Sud. Lee Drew est l'un de ces mordus de généalogie auxquels l'Internet a ouvert des horizons inimaginables du temps des archives papier et des microfilms. Il a ainsi retrouvé 1,7 million de parents dans le monde.

Les nouvelles technologies permettent désormais de gravir sans efforts les Everest de la généalogie.

Le site commercial de généalogie ancestry.com, par exemple, se vante d'avoir la plus grande base de données d'histoire familiale du monde, avec plus de quatre milliards de dossiers. Parmi les 725 000 abonnés, certains se sont découverts de sang royal, issus de passagers du «Mayflower» ou cousins de Butch Cassidy.

Mais certains passionnés comme Drew ne se contentent pas des bases de données, ils utilisent aussi Internet pour communiquer avec leurs parents dans le monde entier, échanger des informations et des pistes de recherche. Sans compter l'accès aux bibliothèques universitaires offerts par des services comme Google Books.

Agé de 57 ans, Drew se rappelle la généalogie à l'ancienne, quand il roulait jusqu'aux archives de l'état-civil des Mormons à Salt Lake City ou passait ses vacances à scruter les pierres tombales dans des cimetières anglais. Aujourd'hui, il lui suffit d'allumer son ordinateur.

Mais si Internet marche très bien pour les États-Unis, particulièrement la Nouvelle-Angleterre, et plutôt pas mal pour la Grande-Bretagne et l'Irlande, quand les ancêtres viennent du sud de l'Europe, d'Afrique, d'Asie ou même du Canada, les recherches tombent vite sur un os, souligne Dick Eastman qui écrit une lettre d'informations généalogiques sur le Net.

Herbert Huebscher, un ingénieur en électricité à la retraite, qui vit à Franklin Square, dans l'Etat de New York, n'a pas pu remonter au-delà d'ancêtres juifs ukrainiens qui vivaient dans un petit village près de la frontière roumaine aux environs de 1830. Pour aller plus loin, il s'est tourné vers l'ADN.

Les analyses génétiques permettent de relier des personnes quand les archives papier s'arrêtent. Les tests ADN ont été utilisés ainsi il y a quelques années pour montrer que Thomas Jefferson -ou un de ses parents mâles- avait eu un enfant avec son esclave Sally Hemings.

C'est de cette façon que les clients de Relative Genetics, une compagnie basée à Salt Lake City ont pu retrouver des origines écossaises, africaines ou autres. Herbert Huebscher a fait tester son propre profil génétique par une compagnie basée à Houston baptisée Family Tree DNA. Il a découvert qu'il correspondait à celle d'un autre individu enregistré dans la base de données de la compagnie, un Londonien d'origine sud-africaine du nom de Saul Isseroff.

Leurs cartes d'identité génétiques respectives présentaient une anomalie très particulière, qui a pu les relier à d'autres personnes au fur et à mesure que l'entreprise recevait de nouveaux clients. Presque toutes les familles étaient juives et presque toutes originaires de l'Est de l'Europe, excepté l'une de Porto Rico.

D'après l'analyse génétique, toutes ces personnes, qu'elles s'appellent Huebscher, Isseroff, Wolinsky ou Rosa, avaient vraisemblablement en commun un ancêtre qui a vécu il y a quatre ou cinq siècles. Même si ses recherches ne sont pas encore terminées, M. Huebscher pense que cet ancêtre commun descendait sans doute de juifs sépharades vivant en Espagne avant l'Inquisition.

Mais il ne faudra peut-être pas longtemps avant qu'il ne puisse éclaicir le mystère, d'après Peggy Hayes, de la firme Relative Genetics. «Les bases de données grossissent rapidement», dit-elle. «Plus les bases de données augmentent, plus les chances de réussite aussi».

Les plus chanceux peuvent retracer leur arbre non pas sur plusieurs siècles, mais sur un millénaire ou plus. Pour cela, dit Drew, il suffit de se relier à une lignée royale: «nous sommes tous liés à une famille royale». Le tout est de le prouver... C'est ainsi que d'après certains spécialistes au moins 18 présidents américains, mais aussi le dessinateur Walt Disney, l'ancien secrétaire d'Etat Colin Powell ou même l'actrice Brooke Shields, peuvent prétendre descendre de Charlemagne...