Il n'a fallu que quelques minutes aux grands médias nord-américains pour transformer le nom du tueur de Virginia Tech en vecteur de publicité.

Il n'a fallu que quelques minutes aux grands médias nord-américains pour transformer le nom du tueur de Virginia Tech en vecteur de publicité.

En saisissant « Cho Seung-hui » dans le moteur Yahoo!, une publicité pour le site Fox News apparaissait en matinée dans un encadré publicitaire, juste à côté des résultats de recherche. En cliquant sur le lien, on se retrouvait directement dans une section spéciale du site d'actualités.

Dans Google, le même mot-clé faisait apparaître une publicité textuelle pour le magazine canadien Macleans et sa section consacrée à la tuerie de lundi.

L'achat de mots-clés sur internet est au cœur de la stratégie financière des moteurs de recherche. Les entreprises qui les achètent, en l'occurrence des sites de nouvelles, paient au moteur de recherche une certaine somme chaque fois qu'un internaute clique sur la publicité. Plus le mot-clé est en demande, plus le moteur de recherche exige un prix élevé par clic.

Dans les deux cas, les publicités déclenchées hier par le nom du tueur, Cho Seung-hui, ont cessé d'être affichées par Google et Yahoo! bien avant midi. Ce retrait n'a cependant rien à voir avec une décision éthique des deux moteurs de recherche. Selon des vérifications effectuées par La Presse, le prix demandé par Google pour le nom du tueur a atteint 12 $ par clic.

« C'est très cher payé pour un mot-clé qui était inconnu la veille. À ce prix-là, ça ne m'étonne pas que les pubs aient disparu », a commenté Michel Leblanc, spécialiste du commerce électronique. Aux États-Unis, certains mots-clés très prisés, comme « cancer », peuvent selon lui valoir jusqu'à 100 $ par clic. « Des expressions comme « health lawsuit » sont aussi achetées à prix d'or par des avocats. »

En fin d'après-midi, le mot-clé « Virginia Tech », acheté la veille par Cyberpresse et par le site du New York Times, coûtait 6 $ par clic sur Google.ca. Son prix était d'environ 4 $ pour les recherches faites à partir des États-Unis.

Selon Michel Leblanc, l'achat de ces mots-clés demeure une bonne stratégie, bien que le concept peut s'avérer délicat dans certains contextes. « Même si c'est un drame, c'est la meilleure façon pour les sites de nouvelles de faire savoir aux internautes qu'ils ont les yeux sur l'histoire », soutient-il.

Dans certains cas, les mots-clés peuvent cependant déclencher des publicités moins appropriées. Par exemple, un texte de l'agence Presse Canadienne sur la tuerie de Virginia Tech faisait apparaître hier, dans les fenêtres publicitaires de certains sites web d'actualité, une annonce pour des lunettes de tir : « Choix énorme, favorable, rapide! Commandez maintenant », pouvait-on lire.

Pour consulter le blogue de notre journaliste: blogues.technaute.com/peloquin